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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140 histoires vécues.

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Voyages

 

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Ma vie de marin de commerce (La Comtesse)

La Comtesse

M/S Sikiang, escale au Havre

On l'appelait la Comtesse, de ses origines des pays de l'Est. Une ancienne noble, qui avait encore de beaux restes; elle devait être belle dans sa jeunesse. Elle boitait bas dirions-nous, souvenir d'un cargo Norvégien. Après que tout l'équipage ivre lui soit passé dessus, au lieu de la payer, ils la jetèrent par-dessus bord, sur le quai; elle s'en sortit avec une jambe cassée seulement, ce qui aurait pu être pire.

Depuis, elle ne visitait que les bateaux français, en tout cas pas les nordiques. Pour l'heure, elle était sur le Sikiang, en train d'essayer de plaire au chef cuisinier.

Elle n'espérait plus faire fortune avec son corps, le prix de la passe était un généreux casse-croûte. Avec le cuistot, elle ne pouvait espérer mieux. Mais voilà, notre homme, une fois son affaire terminée ne voulut rien savoir du paiement convenu, et sans la jeter par-dessus bord comme nos collègues norvégiens, la pria de quitter le navire.

Pas question de quitter le bord sans être payée, depuis son "accident" elle avait pris de la hardiesse, et s'en alla conter son infortune au Commandant, qui bon prince joua les saint Louis et, à défaut de chêne pour rendre justice, raccompagna la Comtesse dans les cuisines où se tenait le coupable. Devant quelques personnes hilares, il fit la morale à notre homme, lui expliquant entre autre qu'un marché est un marché, et qu'il se devait d'honorer le sien.

La Comtesse, radieuse, quitta le bord avec un solide casse-croûte maison.

Non mais !!!          

 

 

Ma vie de marin de commerce (Le fût de cognac...)

Le fût de cognac percé

La perte sèche d'un fût de cognac (pas pour tout le monde)

Tout comme le chargement de rhum de la Réunion qui enchantait le personnel, de temps en temps, nous avions des fûts d'alcools divers à bord.

Cette fois-ci, une barrique de deux cents litres de cognac trois étoiles nous arrive un beau jour, pour je ne sais plus quelle destination.

Une bonne partie de l'équipage tournait autour avec convoitise. Deux cents litres, à raison de deux centilitres la dose, cinquante doses par litre multipliées par deux cents égalent dix mille doses, pour une dizaine d'individus, soit mille par tête de pipe, deux repas par jour arrosés de cognac, cinq cents jours d'assurés, plus que la durée du voyage. Comme par hasard tout le monde était fort en calcul mental, mais ces calculs, tout justes soient-ils, ne nous mettaient pas le liquide dans nos verres, il fallait trouver une combine pour en être légalement propriétaire (ou presque).

Ce fut le charpentier qui trouva la solution; en observant de plus près le tonneau, il découvrit un nœud dans le bois. Revenant avec une vrille, il réussit à le retirer proprement, et fixa une cannelle à la place. Il ne nous restait plus qu'à placer un récipient en-dessous, et à nous servir.

Tout le monde garda le secret jusqu'au bout du voyage. Quelques jours avant l'arrivée à destination, le charpentier fignola son travail, il remit correctement en place le nœud conservé sur un tonneau complètement vidé de son contenu, en bouchant la marque de la vrille par de la colle à bois, et poussa même le vice jusqu'à étaler sous la barrique un mélange de cognac avec de l'eau croupie pour faire croire à un bois poreux qui, au fil des jours, aurait laissé perdre le contenu.

Ce dont d'ailleurs les experts en assurances ne doutèrent pas un seul instant.

 

 

Ma vie de marin de commerce (Amour/ troc)

Amour / Troc

Livraison particulière

En descendant l'Afrique de Gibraltar au Cap, deux jours de navigation après Dakar, nous passions l'Equateur, mais une journée seulement après nous devions remonter un bras de mer qui nous amenait dans une crique déserte, sans hangar ni rien qui justifiait un port.

Pourtant il nous fallait décharger du matériel, et toute sorte de fret. La consigne était de se faire entendre à l'aide de notre corne de brume pour signaler notre arrivée aux destinataires de ce que nous devions livrer.

Et en effet, après quelques minutes d'attente, des camions descendaient des collines aux alentours, avec des hommes ramassés en cours de route pour assurer la main-d'œuvre.

La signalisation par la corne de brume prévenait également la gent féminine qui, par de petites barques, venaient accoster au flanc du navire, à l'opposé de la terre ferme, pour deux raisons: d'abord il n'y avait pas de coupée (passerelle), les marchandises étaient déchargées avec les palans du bord, pratiquement personne ne montait n'y ne descendait du cargo, si besoin était, seule une échelle de corde assurait la liaison, et ensuite, ces dames ne voulaient pas se faire voir des hommes assurant le déchargement, car elles risquaient de croiser frères, pères, et pire encore, maris. Je ne vous décrirai pas les scènes qui auraient pu se créer si tel avait été le cas.

Donc nous voici avec une barque entière de jeunes femmes du pays venant vendre leurs charmes. Elles sont debout, faisant des grands signes pour se faire remarquer. La coutume veut que pour plaire au futur, elles soient sur leur trente et un, chevelure comprise, à savoir des aiguilles à tricoter dans les cheveux mêlés de boue et savamment arrangés.

Du bastingage de notre bateau au niveau de l'eau, il pouvait bien y avoir une dizaine de mètres, mais cela ne leur faisait pas peur, dès que l'un de nous en désignait une, elle se faisait une joie de grimper à bord par une amarre. Si par hasard, au fur et à mesure qu'elle montait on s'apercevait que sa beauté laissait à désirer, alors que vue d'en bas elle était dirons-nous acceptable, il nous suffisait de balancer violemment l'amarre, pour que notre acrobate d'un moment ne tombe, à la grande joie des autres, car cela voulait dire que notre choix allait se porter sur une prochaine qui subirait le même sort si sa "beauté" vue d'en haut n'était pas la même que vue d'en bas.

Mais l'un dans l'autre, à part quelques plongeons malheureux, tout le monde trouvait chaussure à son pied si je puis m'exprimer ainsi.

Ne possédant par ailleurs pas d'argent local, le paiement était assuré par un troc aussi divers que varié, savonnettes, lait concentré, alcools, cigarettes; j'ai pour ma part passé un agréable moment contre une paire de sandales et deux boîtes de lait concentré.

N'allez pas croire que le plaisir était fonction de la donation. Dès que nous étions d'accord sur le prix, les filles se donnaient à fond dans leur échange amour/ troc. Je veux dire par là que la dame ayant reçu en échange de son corps une cartouche de cigarettes, des bouteilles d'alcool et plein d'autres choses encore, n'en faisait pas plus que celles qui ne recevaient que quelques boîtes de lait concentré. Une fois le marché conclu, nous étions assurés de leur générosité amoureuse.

 

Ma vie de marin de commerce (Le graisseur de Quart)

Le graisseur de quart

M/S Tigre, traversée Gènes -Tahiti

Le chargement venait de se terminer, cinq mille paires de chaussures diverses, à destination de Papeete, Tahiti.

Imaginez le choix qu'il pouvait y avoir, des vernis, des sports, des villes, des pompes de grand luxe. Il y en avait une pleine cale.

Les cargos sont faits de telle façon que tous les moindres recoins sont utilisés. Une porte de la machine donnait sur le fond d'une cale, et des appareils de commande de la chaufferie étaient installés là.

La nuit, le graisseur de quart devait remplir sa plaquette de surveillance de température, il était donc obligé de passer par cette ouverture. Une nuit donc, effectuant ses rondes, il sentit une présence dans la cale, et s'approchant sans bruit, il surprit le Commandant en personne occupé à fouiller dans les caisses de chaussures, il en essayait même quelques paires.

Il s'éloigna sans bruit, pour ne pas se faire remarquer. Le pacha, trop attentif à se choisir une paire de pompes, n'avait rien vu.

Gardant ce secret pour lui, le graisseur se dit:

-"Pourquoi pas moi, alors que notre Commandant est le premier à se servir".

Il décida de faire pareil. Le lendemain soir, voilà notre homme en plein essayage, comme dans un magasin. On lui tape sur l'épaule, se retournant d'un bon, il se trouve nez à nez avec son Commandant qui lui lance:

-"Alors graisseur, surpris en plein vol de marchandises, vous savez combien cela coûte".

Il le savait, le renvoi pur et simple, mais il ne se démonta pas.

-"Mais Commandant, je fais comme vous hier soir".

Il marqua un point, le pacha accusa le coup, mais se reprit très vite.

Tel est pris qui croyait prendre, l'histoire se termina par les deux hommes réunis dans le larcin, se critiquant mutuellement sur un choix de chaussures.

 

 

Ma vie de marin de commerce (Bordeaux)

Port de Bordeaux
Port de Bordeaux 

 Bordeaux

Le mot magique

Port autonome de Bordeaux, quatre kilomètres de quais, presque autant de bordels. Pour celui qui sortait pour l'aventure, il était servi, et n'avait que l'embarras du choix, mais moi, à cette escale je n'avais pas du tout envie de la bagatelle, nous revenions de Madagascar, dans deux jours nous serions au Havre où je devais débarquer.

N'allez pas croire amis lecteurs, que dans chaque port, on courait au lupanar comme des bêtes en rut. Il y avait des moments où cela ne nous disait rien ou que cette préoccupation venait après d'autres choses, comme ce soir dans ce bar où je ne voulais rien qu'une bonne bière, pour me changer de l'ambiance du bord.

Mais voilà, ces dames-là ne l'entendent pas de la même façon, et dès qu'un homme pousse la porte d'un de ces lieux de perdition, il est dans les minutes qui suivent assailli de demandes précises, comme celle de visiter les étages supérieurs où on l'assure que la literie est très confortable, et qu'on pourra lui faire tout ce qu'il désire.

Comme ce soir-là, je ne voulais rien d'autre que boire à ma santé, depuis longtemps déjà j'avais un mot-clé qui coupait court à ce genre de propositions, et qui me servit encore en cette occasion.

A la fille qui insistait pour me faire monter à l'étage au-dessus et me faire rejoindre le septième ciel par la suite, je lâchais simplement cette phrase:

-"Pas de chance ma chérie, mais je suis plombé".

Mot magique, qui dans la seconde même faisait place nette autour de vous, et vous étiez assuré de terminer la soirée dans une paix royale.

 

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