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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140 histoires vécues.

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La marine marchande se distingue au loin.

Devant un treuil à vapeur sur le Léda.
Devant un treuil à vapeur sur le Léda. 
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La marine marchande se distingue au loin.


Ma morosité reprit le dessus, il fallait autre chose pour me sortir de cette vie. L'arrivée d'un futur ouvrier dans mon service fut le déclencheur de mon désir de m'échapper de cette vie familiale que je supportais de moins en moins.
II s'appelait Jean Pierre, II venait de la Marine Marchande où, après son service militaire dans la Marine Nationale, il reprit du service, toujours dans la Marine, mais cette fois-ci, dans la Marchande (sans la contrainte militaire).
Après son embauche, nous sommes devenus de bons amis, et il m'expliqua la marche à suivre pour que moi aussi je parte naviguer.
Mon épouse, voyait bien que son Maurice n'était pas bon pour la vie à deux, Pardons, à trois, notre petit Stéphane allait avoir six ans. Elle se résigna à me laisser partir. Comme c'était mon employeur qui nous logeait, il fallut déménager.
Retour à Vierzon, où Christiane s'embaucha dans une crèche municipale pendant que je fis toutes les démarches pour, à mon tour, comme Jean Pierre,, faire partie des gens de mer, appellation des marins de commerce.
Suite à l'envoi de mes états de service envoyés à l'adresse indiquée, je reçus une proposition d'une compagnie maritime, la N. C. H. P., Nouvelle Compagnie Havraise Péninsulaire. Nous prononcions Neuchap.
Cette Compagnie recherchait des électriciens confirmés pour entretenir ses cargos au long cours (longue distance, de continents à continents).
Il n'était pas nécessaire d'être passé par une école Maritime pour obtenir le brevet, mon C.A.P., du fait qu'il était reconnu par l'état suffisait a me faire rentrer dans la grande famille des marins de commerce,
II fallait par contre passer pour la première fois devant un médecin des gens de nier, afin d'être reconnu apte physiquement pour pouvoir naviguer.
Mon port d'attache étant Le Havre, c'est là-bas que je dus me rendre pour passer la visite»
Mon épouse, me connaissant bien, m'obligea à emmener Stéphane avec moi pour, soit disant faire un changement d'air au gamin, mais surtout pour surveiller papa.
Partis un lundi dans la journée de Vierzon en train, nous devions en revenir le lendemain soir.
L'épisode de la nuit au clair de lune pour mon examen à Corbeil-Essonnes se reproduisit ici, sauf que la, mon fils m'accompagnait,
Impossible de trouver un hôtel, A la tombée de la nuit, nous nous sommes rendus sur la grève et, en inspectant les cabanes de plage, j'en trouvais une de laissée ouverte.
Elle nous fit un abri sûr pour la nuit car personne ne nous dérangea.
Au petit jour, dans le premier bar ouvert, on se réconforta de la nuit assez fraîche (nous étions fin mai) devant un copieux petit déjeuner, et j'étais en forme pour affronter le toubib maritime.
Mon bon de visite en poche, le retour au bercail se fit sans problème, le fiston avait bien eu son changement d'air, surtout avec la nuit passée à la belle étoile, il ne me restait plus qu'à attendre le courrier annonçant le nom du bateau et son port d'embarquement.
J'allais passer huit belles années dans la Marine Marchande, passant du cargo au cargo mixte (cargaison plus passagers) pour finir sur les pétroliers les plus gros du monde à l'époque, avec un chargement de plus d'un demi-million de tonnes de pétrole.
Le Batillus pouvait en effet contenir cinq cent quarante mille tonnes de pétrole brut et il ne lui fallait que trente jours du Golfe Persique à l'Europe pour livrer son chargement.
Rendez-vous donc dans huit ans pour la suite de cette vie qui commençait à être un peu mouvementée.
En cherchant bien dans ma mémoire, il me reste encore quelques bonnes histoires de ces huit années passées autour du monde.
Je vous les livre telles qu'elles, en espérant que leurs lectures vous inciteront à en savoir plus et à vous procurer les deux tomes consacrés à mes trois tours du monde.

 

Les années marines

Plage de Koweit, au Golfe persique.
Plage de Koweit, au Golfe persique. 
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Les années marines

 Ho hisse, alors tu montes?

Dans ce port de la Réunion à La Pointe des Galets, il nous était interdit de passer la porte du port après minuit accompagnés d'une personne du sexe opposé,

A chaque fois que nous accostions ce port c'était pour une quinzaine de jours minimum. Tout le monde avait ses petites combines pour ne pas se faire avoir par cette dure obligation de rentrer seul après l'heure.

Un collègue avait détourné le tampon du Commandant et avait fabriqué une fausse invitation pour se rendre à bord à toute heure du jour ou de la nuit, même accompagné. Une telle missive signée par un Commandant valait tout l’or du monde. Jamais ce faux laissez-passer ne fut contesté.

Pour ma part, j'avais camouflé une échelle dans un hangar avec ouverture sur le chemin du port

De cette façon, lorsque l'heure était passée, je rentrais seul, courais dans la remise installer l'échelle et faisais signe a la demoiselle de monter ainsi me rejoindre au nez et à la barbe des gardiens.

Sauf qu'un jour, plutôt une nuit, ma compagne fut incapable de monter à l'échelle, par vertige ou soûlographie peu importe, il me fallut ressortir, l'aider à monter et rentrer à nouveau.

Le peu de temps que je la laissai seule, elle était déjà en train de se faire embarquer par un autre marin, même pas de notre bateau.

Se faire ainsi prendre sa prise si près du but, il n'en était pas question. Je n'eus pas beaucoup de peine à récupérer mon bien, mes cent kilos et mon mètre quatre vingt dix y étant pour beaucoup.

Se battre comme un chiffonnier pour une fille, on se serait crus au temps de la préhistoire!

 

Au fond à droite

Une fois, à Madagascar, chez une ramatte* qui voulait bien m'accueillir pour la nuit, je demandai où étaient les toilettes pour une grosse commission.

Elle eut l’air gênée, sembla ignorer ma question, mais devant mon insistance à vouloir à tout prix ce lieu d'aisance, elle me tendit une clé, du papier hygiénique et une lampe tempête.

Devant la porte de sa maison, elle me désigna sur la place du village une cabane à une vingtaine de mètres. Je pensais en moi-même, ce n'est pas au bout du couloir à droite, mais au fond de la cour à gauche.

La cabane était cadenassée par une chaîne énorme et un gros cadenas. Une fois dedans, je dus bien admettre que c'était des cabinets. Mais horreur, envahis par des centaines de cafards plus gros les uns que les autres. II y en avait partout, certains tombaient même du plafond, apeurés sans doute par ma lumière.

Je compris pourquoi ma compagne d'un soir avait été réticente pour m'y envoyer, mais il fallait bien y faire ce pourquoi j'étais venu.

De tout le temps que dura la délivrance, je remuais ma lampe autour de moi pour faire fuir les indésirables locataires de l’endroit

C'était des W C à la turc bien sûr, cela aurait été trop beau que je sois assis pendant le supplice,

Je quittai mes compagnons d'infortune sans regrets, me promettant à l'avenir de prendre mes dispositions à bord, pour éviter par la suite ce genre d'incident.

 

*Ramatte: Nom donné aux jeunes filles malgaches par les blancs.

 

Marseille, rue Thubaneau près du vieux port

Un soir, je discutai à la terrasse d'un café avec une prostituée sur le vieux port.

Cette fille m'expliqua ses trucs et astuces pour appâter le client

-" Dans les années cinquante, je tapînais au coin d'une rue, entendant le pas d'un homme qui se rapprochait, je pensais en moi-même:

Ma belle, si tu veux faire plaisir à un futur client, dis-lui que c'est un beau blond, dans tous les cas il sera flatté, surtout s'il n'est pas blond".

Sitôt pensé, sitôt dit, le pas se rapprochait de plus en plus. Au moment où il allait tourner et se trouver nez -à-nez avec moi, je lance: tu montes, beau blond?

J'avais tout faux mon pauvre Maurice, la voix me répond:

Madame, moi y en à pas être beau blond, moi y en à être grand sénégalais.

Tu parles d'une bourre! J'avais l'air malin".

La soirée était propice aux confidences, je lui en racontai une aussi sur ce qui m'était arrivé personnellement dans ces mêmes lieux/ quelques mois plus tôt.

-« Un soir, je n'avais pas envie d'une fille j'étais juste sorti pour boire un coup. Je me retrouve dans ce quartier où nous sommes. Une de tes collègues se pointe devant moi et me sort tout de go. 'Tu montes avec moi grand blond?'

Je te le répète, ce soir là je n'étais pas intéressé par la bagatelle, je lui réponds en prenant l'air le plus con possible, 'Monter où, et pour quoi faire?'

Ma pauvre elle était vexée à mort. Elle m'a mis une de ces gifles en me traitant de tous les noms en hurlant qu'il ne fallait pas la prendre pour une conne.

Je m'en suis longtemps rappelé. Cela m'apprendra!

Ainsi se passaient entre autres, nos soirées d'escales entres deux traversées du bout du monde

 

Les  beaufs  ennemis

Deux sœurs, mariées avec deux marins qui, sans en être à se détester vraiment ne se privaient pas pour s'envoyer des piques blessants à chaque instants.

Témoin cette histoire:

Un jour, une des sœurs invita l'autre à déjeuner avec son mari. Le repas se passa assez bien, et à la fin, le maître de maison se vanta d'avoir, tout seul, changé le parquet de sa salle à manger, et d'être assez content de lui, vu le résultat du chantier.

L'autre regarda sans enthousiasme le travail de son beau-frère et ne fit aucun commentaire. Il demanda simplement où il pouvait se procurer les mêmes matériaux, et l'histoire s'arrêta là.

Quelques semaines plus tard, ce fut l'inverse, l'autre couple était invité à son tour. Repas tranquille, sans histoire, et le mari invité demanda à aller aux toilettes.

A son retour, le maître des lieux lui demanda s'il n'avait rien remarqué.

Devant la réponse négative, il remmena et lui fit voir le sol des W. C.

- " Regarde bien par terre, c'est le même parquet que celui que tu as dans ta salle à manger, je trouve qu'il fait mieux ici".

Ce qu'il faut traduire par:

Grand couillon, ce que tu trouves beau pour ta salle à manger est tout juste bon pour mes chiottes.

Quelle famille!

 

Adieu Christiane, bonjour Martine.

Martine à 15 ans, beau choix non ?
Martine à 15 ans, beau choix non ? 
<link href="file:///C:UsersmauriceAppDataLocalTempmsohtml1�1clip_filelist.xml" rel="File-List" />Adieu Christiane, bonjour Martine.

 Une femme chasse l'autre.

Malgré mon éloignement au bout du monde, entrecoupé de quelques semaines de congés entre deux bateaux, mon épouse ne pouvait admettre de me voir à la maison à ne rien faire. Pourtant ces congés m'étaient payés bien sûr!

Je dus pour la contenter faire quelque chose de mes journées.

Mon beau père, qui était cheminot à Vierzon et connaissait bien le gérant
du buffet de la gare et pour cause: toutes ses pauses se passaient devant un verre.

 II réussit à me faire embaucher pour pousser les chariots de casse-croûtes et de boissons sur les quais à chaque arrêt de trains.

Il fallait me voir, hurler à chaque instant:

-"Buffet buffet, voyez, demandez buffet !"

Je ne touchais aucun salaire, sauf dix pour cent de tout ce que je vendais, ce qui n'était quand même pas mal. Me prenant au jeu, renseigné par le beau-père, il m'arrivait de passer des nuits à pousser la charrette pour servir des trains plein de bidasses, traversant la France.

Malgré mes efforts pour conserver mon ménage, celui-ci battait de l'aile, Pourtant un deuxième enfant, Laurence était née.

Il ne faut pas croire que c'était mon éloignement qui en était la cause, au contraire ma femme s'en accommodait assez bien. Je crois plutôt que le fait que nous habitions chez les beaux parents a détruit petit à petit notre Maison.

Mon épouse ne voulait pas habiter ailleurs, voulant à tout prix rester avec maman. Elle faisait passer ses parents, ses enfants, son argent et son bien être avant tout.

Je n'étais donc que la cinquième roue du carrosse.

Que se racontait-il quand je n'étais pas là?

Je compris un jour, quand mon fils, qui n'avait que sept ans me lâcha, après une petite dispute que j'eus avec sa mère:

-"Si tu n'es pas content, tu n'as qu’à retourner sur tes bateaux!"

Pauvre petit bonhomme, je ne lui en ai jamais voulu, mais le mal était fait.

C'est à partir de ce moment là que je pris mes distances avec cette belle-famille qui rne considérait si peu,

Aux congés suivants, je m'inscrivis dans les agences de travail intérimaire, ce qui me valut de me faire embaucher à Issoudun dans une usine de câblage électrique. Trente kilomètres seulement séparaient Vierzon d'Issoudun.

Pour ne pas rentrer tous les soirs au bercail, je pris pension à la semaine dans un hôtel-restaurant, un routier.

Au bout de seulement huit jours, je devins l'ami de la famille, mangeant même à la table des patrons.

Mes premières histoires de marin du bout du monde avaient séduit tout le monde, et ma gentillesse naturelle avait fait le reste.

Tant et si bien que Vierzon ne fut bientôt que ma deuxième résidence.

Tout le monde aura compris que ce qui devait arriver arriva.

Dans cette hôtel-restaurant se trouvait Martine, une jeune femme de vingt deux ans, revenant de File de la Réunion avec une petite fille de cinq ans, Céline. En plein divorce d'un mari brutal qui était resté là-bas.

Ils s'étaient connus ici, à Issoudun, cinq ans auparavant. L'homme, originaire de la Réunion, avait choisi de faire son service militaire en France, à Orléans.

Pendant ses congés d'armée, il prenait pension à Issoudun dans une famille qui voulut bien l'accueillir.

C'est au cours d'une fête paroissiale où Martine vendait des tickets de tombola qu'elle tomba sur ce beau jeune homme et, ce fut le coup de foudre.

Ils se fiancèrent très vite, Céline arriva. A la fin de son service militaire il s'embaucha dans une usine d'engrais comme électricien d'entretien à Issoudun.

Ce qu'il n'avait jamais dit à sa jeune épouse, c'est qu'à la Réunion, il était le chef d'une bande de voyous. Vols de voitures, attaques à mains armées, falsifications de chèques...

Sa petite vie pénarde fut si vite oppressante, qu'il désira rentrer au pays.

Martine ignorant tout du lourd passé de son amoureux, partît avec lui en ayant vendu leurs biens, et se retrouva... dans une case, seule avec sa fille, n'ayant pratiquement rien à manger.

Lui, retrouvant ses complices, reprit sa vie d'autrefois et ne passait que très rarement à la maison voir sa femme et sa fille.

Cela dura un an. La pauvre Martine, n'en pouvant plus eut toutes les peines du monde pour prévenir sa famille en France afin de se faire envoyer un billet d'avion pour son retour avec sa fille.

Le mari en prison une fois de plus, c'était le moment idéal pour s'échapper, mais voilà, le temps de liquider ses affaires pour partir en règle, son homme devait être libéré.

Elle s'en alla voir le juge qui l'avait fait coffrer et, lui expliquant sa situation, il obtint de la justice qu'on le garde deux jours de plus pour qu'elle ait le temps de se sauver.

Une fois en France, de retour chez ses parents, elle s'embaucha à l'hôpital et, pour se faire encore plus d'argent, finissait ses journées comme femme de ménage au restaurant, c'est là que je la vis pour la première fois.

Moi, lassé de Vierzon, je passais tout mon temps de libre avec cette nouvelle belle jeune femme, elle avait vingt deux ans, j'en avais six de plus.

Elle avait pris un appartement pour être tranquille avec sa fille, je l'aidais à s'installer, payant même une partie de ses frais d'avocat pour son divorce qu'elle avait entamé dès son retour en France.

Il va sans dire pensais-je qu'à la première occasion, de mon côté, je partirais aussi. Ce fut ma femme qui prit les devants. Me reprochant d'être plus à Issoudun que dans ma famille, elle profita d'un nouveau départ pour à son tour entamer une procédure.

Elle donna comme motif à son avocat que je me vantais de partir ailleurs voir, selon mes propres termes, "ma fiancée",

Ce fut suffisant pour qu'elle gagne son divorce aux torts exclusifs du mari,

Je n'en avais que faire, commençant une nouvelle vie avec celle qui trente ans plus tard est toujours mon épouse qui m'a donné des jumeaux, Laurent et Thierrv.

La conciliation, le divorce se passa entre deux bateaux et, aux congés suivants, nous étions Martine et moi ensemble dans ce logement que je connaissais bien pour l'avoir en partie meublé, et payé les loyers.

Dans ces conditions, partir au bout du monde ne me disait plus rien, d'ailleurs Martine m'expliqua que si nous devions rester ensemble, il n'était plus question que je navigue.

Gagnant quand même bien ma vie dans la marine, elle accepta que j'y reste encore un peu, à condition que je l'emmène avec moi.

Ses parents, ne voulant pas garder Céline, on se fâcha avec eux et, en fin de compte, ce sont les miens qui prirent soin de la petite pendant l'absence de la mère.

Il fallut rendre l'appartement, transporter le peu de meubles à La Ferté St Aubin, inscrire Céline à l'école.

Des deux années que je naviguais encore, nous sommes partis trois fois ensemble. La première fois elle était ma concubine. Et, toujours entre deux bateaux, je l'épousai sans tambours ni trompettes, un jour de semaine pendant que Céline était à l'école,

Martine, entre deux voyages où je partais seul, trouva une place d’aide soignante dans une maison de retraite.

 J’allai enfin arrêter cette vie comme je l'avais promis. Ne voulant plus avoir de patron sur le dos, je ressortais un vieux souvenir d'enfance où je m'étais dit qu'un jour je vendrais des composants électroniques à Orléans.

C'était le moment de prouver que cette envie pouvait enfin se réaliser.

 Je devais pour cela trouver un local commercial, voyons cela au prochain chapitre.

Un dernier regard sur ma période d'intérim avant le commerce.

 

Entre deux périodes du buffet de la gare

Intérieur classique d'un buffet de gare
Intérieur classique d'un buffet de gare 
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Entre deux périodes du buffet de la gare

Quand le directeur du buffet de la gare n'avait pas besoin de moi, il fallait bien que je m'occupe pour satisfaire et ma femme et la belle-mère qui avait fini par trouver normal elle aussi que je ne devais pas rester à ne rien faire à la maison pendant mes congés, entre deux bateaux.

Je pointais donc dans les maisons d'intérim. C'est pourquoi un beau jour, je me suis trouvé à seconder un plombier à Cosne/Loire qui devait installer des climatisations dans un hangar servant de dépôt et d'atelier aux Télécom. Nos horaires n'étaient pas les mêmes que les ouvriers de l'agence qui commençaient beaucoup plus tôt que nous. La direction nous avait autorisés un coin du vestiaire pour nous changer» Mais, en dehors des heures d'embauché et de fin de service/ ces locaux étaient fermés à clé par sécurité. Il nous fallait en demander l'ouverture au secrétariat. Comme ce personnel arrivait en même temps que nous, chaque matin une employée nous accompagnait pour nous ouvrir.

Tout se passait très bien depuis quelques jours, j'avais comme toujours sympathisé avec plusieurs ouvriers, trop contents d'avoir des nouvelles têtes dans l'entreprise pour discuter de tout et de rien.

Le malheur voulut qu'un beau matin, en panne de voiture, nous sommes arrivés très en retard. Tout le personnel des bureaux était occupé, il me fallut quand même me risquer à demander que quelqu'un veuille bien nous accompagner pour nous ouvrir les vestiaires. Ce fut le drame, personne ne se décidait. Après l'heure ce n'est plus l'heure me firent-il comprendre. Il fallait bien pourtant que l'on embauche pour avancer notre chantier. Devant mon insistance à réclamer cette fameuse clé, une secrétaire se leva et m'accompagna enfin. Par contre, elle n'arrêta pas pendant tout le trajet des bureaux aux vestiaires, de râler après nous, qu’heureusement nous n'étions pas embauchés dans cette société, car c'était inadmissible d'arriver en retard, que cela dérangeait tout le service, que nous avions eu de la chance ne n'avoir pas été engagés par elle-même car elle nous aurait chassé comme des malpropres, etc, etc. J'avais enfin réussi à me faire ouvrir les vestiaires, mais à quel prix.

Dans l'atelier, je racontai ma mésaventure à un ouvrier.

-  "La garce, ma parole elle se paye le patron pour être si méchante que ça, tu verrais ce qu'elle m'a sorti comme connerie",

L'autre m'écoutait sans broncher. "Comment est-elle faite? " me demanda t-il à un moment. Comme ci, comme ça, je lui détaillai au mieux la coléreuse.

-   "Maurice, je te signale que c'est ma femme.

-   Il me fit la gueule pendant deux jours, mais tant pis, ce qui fut dit fut dit.

 

Le commerce. Radio Bourgogne Composants

Du temps de ma gloire, à la foire expo  d'Orléans, en 1980
Du temps de ma gloire, à la foire expo d'Orléans, en 1980 
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 Le commerce. Radio Bourgogne Composants

Terrien à nouveau
comptable n'en revenait pas.Après huit années de Marine Marchande et trois tours du monde, afin de tenir ma promesse de ne plus repartir, je décidai donc de m'installer à Orléans, vendeur en électronique.
Une fois mon sac à terre (marin devenu terrien), il fallut bien gagner sa vie en attendant que mon rêve se réalise.
Je repointais aux maisons d'intérim, et me retrouvai électricien de chantier pour la construction du pont Thinat à Orléans.
Chantier grandiose, car le projet initial était de faire deux ponts, un dans le sens la Source/Orléans, l'autre, Orléans/la Source, avec au milieu, un rail en béton pour le passage de l'aérotrain. Mon travail consistait à éclairer le pont en permanence, suivant son avancée à l'aide de puissants projecteurs montés sur des mâts de dix mètres de haut, et surtout aussi à alimenter de grosses armoires électriques nécessaires aux différentes machines servants à l'édification de l'ouvrage.
De cette période de ce chantier, il me revient une histoire assez drôle que je me permets de vous raconter.
Pour couper les journées harassantes du chantier, nous avions droit à des arrêts en milieu de matinée et d'après midi.
Tous réunis devant le hangar qui nous servait de vestiaires, cantines et atelier, on se prélassait en attendant l'heure de la reprise.
Un beau jour de pause, nous furent abordés par deux ravissantes jeunes femmes qui nous proposèrent des images pieuses tout en nous racontant que Jésus était lumière et qu'il fallait se laisser guider par lui.
Pauvres petites, la foi les égaraient, qu'étaient-elles venues faire dans cette galère? Personne d'entre nous ne ressemblait à un enfant de cœur, et elles-mêmes n'avaient pas du tout le physique de bonnes sœurs.
Pendant près d'une demi-heure, nous les avons charriées, faisant croire que nous rentrions dans leur jeu, écoutant avec assiduité leur sermon sur notre sauveur. Quand elles furent à bout d'arguments, elles nous présentèrent à nouveau leurs images saintes, espérant nous en vendre quelques unes.
Je pris la parole.
- « Mes pauvres chéries, vous ne devez pas faire beaucoup d'affaires avec ce genre d'images, je suis sûr qu'avec vos belles frimousses, proposez donc des photos cochonnes, cela marcherait beaucoup mieux ».
Je suis sûr qu'elles courent encore!
Pratiquement tous les matins, à la pause j'arpentais la rue de Bourgogne toute proche à la recherche d'un éventuel bail commercial à vendre.
Mes recherches aboutirent, car vers la fin du chantier, je tombai sur une pancarte dans une petite boutique de lingerie, mercerie, bonneterie, layette. Il y était inscrit: « Bail à vendre ».
La propriétaire, exploitante depuis une vingtaine d'années partait à la retraite. En discutant avec elle, je découvris que son mari m'avait connu tout petit, car il travaillait avec mon père aux fonderies de Sologne à La Ferté St Aubin et, il nous voyait souvent ensemble aux Portes Vertes (lopins de terre prêtés par la commune aux familles méritantes) où effectivement, je me rendais assez souvent pour aider à cultiver les légumes.
Le prix du bail était intéressant, l'endroit me plaisait, et nous étions des connaissances. il me fallut quand même faire un emprunt pour acquérir le fond de commerce. Mais voilà, depuis peu à terre, je n'avais pas un sou d'avance, et on le sait, les banques ne prêtent pas aux gens travaillant dans l'intérim.
Comment faire? Ma vendeuse n'avait que moi sur le coup, et elle voulut bien attendre que je trouve une solution.
Le chantier du pont étant terminé, je me retrouvai à Sermaises du Loiret près de Pithiviers à câbler des armoires électriques destinées au mélange de colorants pour la fabrication du béton. Avant, on peignait le béton sur l'édifice construit de la couleur demandée par le client. Avec ce nouveau procédé, on colorait le béton pendant sa fabrication en incorporant un certain pourcentage de teintures. Le béton arrivait sur le chantier déjà de la couleur demandée.
Dans cette usine, un chimiste dosait ses différents produits chimiques et nous calculait les temps de minuteries dans nos armoires électriques.
Le travail était assez compliqué, mais très plaisant. Sympathisant avec le monsieur éprouvette, il devint vite mon ami.
Je le mis rapidement au courant de mes projets commerciaux, il promit de s'occuper de moi.
Je n'y pensais pratiquement plus quand, à l'approche des fêtes de Noël mille neuf cent soixante seize, il me fit appeler dans son bureau.
Sortant son carnet de chèque il me demanda:
-"Combien te faut-il déjà Maurice? Je ne m'en souviens plus".
Complètement sidéré je lui lançai un chiffre qu'il inscrit aussitôt sur son chéquier.
-"Je le date du vingt cinq décembre ajouta-fil, ce sera ton cadeau de noël"'.
Je n'osais y croire. Comme cela, pour mes beaux yeux. Je ressortis de son bureau en larmes. Cette mission terminée/ je courus chez ma vendeuse le chèque en poche. Elle eut aussi quelques larmes de bonheur. Enfin le projet pouvait se réaliser.
Le plus beau dans cette histoire est, que mon chimiste ne m'avait rien fait signer, j'avais juste son numéro de téléphone et, pendant deux années de suite, chaque mois je devais lui courir après pour m'acquitter de ma dette.
Je lui rendis tout jusqu'au dernier centime, intérêt compris. En plus de son métier, il devait avoir fait des études de psychologie poussée pour avoir tant confiance. Merci encore l'ami!
Un bon mois après ce conte de fée, nous étions chez le notaire pour régler l'affaire et, début mai de l'année mille neuf cent soixante dix sept, j'ouvrai mon magasin de ventes de composants électroniques au quatre vingt douze de la rue de Bourgogne, sous l'enseigne: Radio Bourgogne Composants (abréviation R.B.C.)
La boutique était toute petite, à peine trente mètres carrés. Nous logions derrière, dans deux pièces, sans salle de bains. Les WC étaient dans la cour mais qu'importé, j'étais à mon compte, avec une petite femme que j'aimais sans oublier sa petite Céline qui avait eut huit ans en janvier. Les débuts furent difficiles, les clients se faisaient rares. Il faut comprendre. La veille s'étaient vendus des bas et des dessous pour mamies et, le lendemain des jeux de lumières et gadgets divers.
Une publicité timide, gratuite dans un journal local ne suffit pas à me lancer. Il fallait que je me trouve quelque chose, mais quoi?
Le loyer très faible, les charges également, je n'avais que le remboursement de mon copain chimiste pour me tracasser. Mais, petit à petit, le bouche à oreilles fonctionnant, les clients arrivèrent d'abord par curiosité, ensuite pour acheter.
L'espoir reprit de voir mon commerce démarrer.
Chaque mois, dans un journal hebdomadaire distribué gratuitement, je proposais l'affaire du mois; un gadget en kit.
C'était des montages électroniques à la mode dans les années 80. A savoir:
Un jeu de lumière quatre voies, un chenillard six voies, un stroboscope de quarante joules, une sirène de police, un émetteur récepteur bande FM... cela fit fureur. Je me proposai même de les vendre tout câblés, en ordre de marche pour ceux qui ne savaient pas manier un fer à souder ou lire un schéma. Les premiers jeux de télé arrivèrent aussi. Rien à voir avec les consoles Sega ou Play Station ou Game boy de maintenant; juste quatre jeux en noir et blanc. Le tennis un joueur, (on jouait contre l'ordinateur de la console) deux joueurs, la balle au mur et le casse-brique.
Tout nouveau tout beau, ils partaient comme des petits pains.
Dans les mêmes moments arriva la CI-BI, ce fut un déluge, il m'arrivait d'en vendre plus de dix par jours; et ce pendant des mois.
Un contrat exclusif avec un fournisseur me garantissait aucun autre point de vente de mes produits dans un rayon de cent kilomètres.
Imaginez, des clients de Vierzon, de Chartres dans ma petite boutique, je ne fournissais plus.
Un copain venait me donner un coup de main les fins de semaines pour servir tout le monde.
La dame qui m'avait vendu la boutique venait trois fois par semaine comme secrétaire mettre mes livres de comptes à jour.
Mon chiffre d'affaire tripla pratiquement d'une année sur l'autre grâce à la CI-BI. Mon
Chaque année, en avril je faisais la foire exposition d'Orléans pour présenter mes produits. Du quatorze juillet au quinze août, je fermais boutique et, avec mes jumeaux nés en 1981, nous partions tous à la mer soit au Sables d'Ollone soit à St Jean de Monts faire bronzette, et surtout se reposer.
Je travaillais quatorze heures par jour car, en dehors des heures d'ouvertures de neuf heures à dix neuf heures sans interruption, rideaux fermés, je câblais des kits, déballais des cartons reçus dans la journée, sans avoir le temps de les ouvrir, ou préparais la prochaine foire.
Du coup, la boutique devint trop petite, par chance, dans l'immeuble d'à côté un appartement se libéra.
C'était le mène propriétaire que mon magasin, je sautai sur l'occasion et, le soir après la fermeture, on déménageait les quelques meubles déjà acquis.
En deux ou trois soirées et un week-end, on se retrouva logés au deuxième étage d'un bel appartement.
Dans ce qui me servait de salle à manger en bas, j'agrandis la boutique, la cuisine devint mon bureau et la chambre servit de réserve.
Je travaillai de plus en plus et, à ce rythme là, je tombai en faiblesse, une infirmière dut me faire une piqûre par jour.
Elle se mettait dans l'arrière boutique, préparait sa seringue, je reculais du comptoir, baissais le pantalon, recevais la piqûre et retournais servir les clients qui n'avaient le temps de ne s'apercevoir de rien. L'infirmière me disait qu'en trente ans de métier, elle n'avait jamais vu cela. Il faut un début à tout!
A ce propos, en huit ans de commerce, je n'ai fermé que deux demi journées.
Un après-midi pour enterrer mon père, et une matinée pour allez chercher mes jumeaux à la maternité. Qui dit mieux?
Cela était trop beau pour durer. La mode de la CI-BI s'arrêta brusquement.
De plus ma femme cessa de travailler dans l'hôtel juste en face, pour élever les jumeaux.
Il ne restait que mon tiroir caisse pour nourrir la maison.
Le coup de grâce fut le fisc qui, deux ans après, me demanda les impôts sur des sommes que j'avais gagnées certes, mais qui avaient servies à nourrir ma petite famille.
Ce fut la fin, Un ami cibiste comptable de métier me conseilla de mettre la clé sous le paillasson avant que l'on ne m'oblige à le faire, et de prendre un syndic.
Deux mois plus tard, tout était fini, adieu la belle vie de commerçant aisé. J'en tombai malade. Un bon mois fut nécessaire pour me remettre d'aplomb, mais la chance me sourit à nouveau grâce à un bon client du temps de ma gloire.
Pour clore ce chapitre sur mes huit années de commerçant, laissez-moi vous raconter quelques anecdotes et bons souvenirs.

 

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