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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140 histoires vécues.

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Voyages

 

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Ma vie de marin de commerce (Le frigo commun)

 

Le frigo commun

La part de gâteau mise de côté

Les cargos des années soixante n'avaient pas le confort des pétroliers, les seuls frigidaires auxquels l'équipage avait accès se trouvaient dans les carrés, et chacun y mettait n'importe quoi.

A la fin d'un bon repas, un matelot se retrouve avec une part de gâteau énorme, qu'il ne peut finir.

-"Qu'à cela ne tienne, se dit-il,  je vais la mettre au frigo, et la finirai plus tard".

Mais voilà, une si belle gourmandise ferait peut-être des envieux, et s'il ne la retrouvait pas ce soir ?

Il eut une idée, la mettant bien en vue dans le frigo, il ajouta un  mot disant ceci:

- "Appartient à un tel, ne pas toucher, j'ai craché dessus ".

Se croyant ainsi tranquille, il revint en fin de journée pour récupérer son bien, mais oh! surprise, une main anonyme avait rajouté:

-"Moi aussi".

La pâtisserie finit à la poubelle, alors que personne, j'en suis sûr, ne cracha dessus.

 

Ma vie de marin de commerce (Le curé passager)

Brave curé de campagne en chère
Brave curé de campagne en chère 

Le curé passager

M/S Ventoux, retour La Réunion - Le Havre

Dès mille neuf cent soixante-dix, tous les cargos mixtes ne devaient transporter que des marchandises, et le transport des passagers était laissé aux bateaux seuls autorisés à le faire, les paquebots.

De retour de la Réunion où ces consignes avaient été bien reçues, le Commandant obtint quand même l'autorisation de ramener sur la métropole un brave curé qui avait passé toute sa carrière sur l'île.

Dernier passager de marque, il était convenu de le traiter comme un invité, et de l'accepter pour tous les repas au carré des officiers.

Ce n'était pas l'avis de tout le monde, d'avoir de la calotte à sa table. Un officier pont braillait dans les coursives que cela ne se passerait pas de la sorte, que jamais il n'avait côtoyé de curetons (c'était son mot), que son grand-père avait une ceinture en peau de curé, j'en passe et des meilleures. Il chercha par tous les moyens à manifester son mécontentement, et, alors que le voyage touchait à sa fin, il trouva enfin le moment de montrer son hostilité à l'égard de cette classe qu'il désapprouvait.

Pour le dernier repas pris en commun avant la séparation de notre invité de marque, au dessert, alors que les discussions s'amenuisaient faute de sujet, notre officier récalcitrant aux gens d'Eglise prit la parole :

-"M. le curé, que pensez-vous du baiser vaginal?"

C'était envoyé, notre brave curé resta stoïque, pas un cil ne bougea, mais nous avions l'impression qu'il attendait que quelqu'un vienne à son secours.

Ce fut le Commandant, comme il se doit, qui réagit le premier; il pria le coupable de sortir de table, lui promettant toutes les foudres de la terre, et au nom de la société prodigua les plus plates excuses à notre représentant de lieu saint qui n'en demandait pas tant

 

Ma vie de marin de commerce (Cargos mixtes)

Exemple de cargo mixte  "l'Ile de la Réunion"
Exemple de cargo mixte "l'Ile de la Réunion" 

Cargos mixtes

Passagers sur cargos

Les années soixante-dix marquèrent la fin d'une période où certains cargos qui le désiraient pouvaient embarquer, en même temps que le fret habituel, des passagers, sans dépasser la barre des dix, car après ce nombre, l'armateur se devait d'embarquer un médecin, ce qui ne l'arrangeait pas toujours au point de vue pécunier.

Cette promiscuité passagers/marins, donnait lieu parfois à des épisodes cocasses de la vie de tous les jours.

Une fois donc, sur un cargo mixte, nous embarquons entre autres une jeune femme avec ses deux enfants qui devait rejoindre son mari, attaché d'ambassade à Tahiti.

Le voyage se passa sans histoires, mais chaque fois que je faisais mes rondes d'éclairage dans la coursive des passagers, l'ampoule éclairant juste devant la cabine de cette passagère était dévissée volontairement, afin de faire une zone d'ombre dans ce coin précis.

Mon enquête personnelle me révéla que le maître d'hôtel et cette jeune femme de temps en temps ne faisaient qu'un. Dans l'après-midi, notre homme dévissait l'ampoule en douce pour, une fois le soir venu, se glisser sans être vu dans la cabine accueillante.

Le manège dura toute la traversée, et de plus, un après-midi, un élève- officier flanqué des deux enfants de l'infidèle me demande si je n'ai pas vu la maman. N'ayant aucune consigne particulière pour cacher la vérité, je lui dis que peut-être, chez le maître d'hôtel. On ne me croit pas, et on cherche ailleurs.

Deux jours plus tard, l'élève m'accoste et s'excuse de ne pas m'avoir cru, car, me dit-il:

-"Vous aviez raison, nous sommes au courant de la liaison".

Le plus beau de l'histoire, c'est que la femme, pour ne pas perdre son amant, l'a présenté à son mari, comme camarade de traversée, pour pouvoir l'inviter en France par la suite.

Amour quand tu nous tiens ! !

 

Ma vie de marin de commerce (Le chat botté)

Le Chat botté, lithographie de Gustave Doré, en 1867
Le Chat botté, lithographie de Gustave Doré, en 1867 

Le Chat botté : lithographie de Gustave Doré de 1867

Le Chat botté
(Le casino du Marin)

Madagascar, Tamatave

Tous les marins du monde, passant par Madagascar et faisant escale à Tamatave, sont entrés au moins une fois au Chat botté.

Nous autres français, dès que nous sortions du port, il suffisait de dire au chauffeur de taxi: -"Emmène-nous au casino du Marin", il avait compris et se dirigeait droit sur le Chat botté.

Comparons cet endroit à nos boîtes de nuit actuelles où on nous passait à longueur de soirées des danses de l'époque et du pays, c'est-à-dire, des Sagas, des Biguines, et autres danses des Iles.

Personne ne sut me dire l'origine du nom, mais cela nous importait peu, le principal était de s'y rendre, et de faire son choix sur les ravissantes jeunes filles qui se trouvaient là uniquement pour nous séduire, ou plus exactement se laisser séduire, car après un verre ou deux avec l'élue de son cœur, il suffisait de rentrer à bord, et la nuit était assurée à deux, quand je dis la nuit, c'était le minimum, car si nous restions plusieurs jours, il n'était pas rare que l'on garde la même demoiselle.

Garder une seule et unique pour deux raisons, d'abord que l'on en prenne une ou deux ou trois pour une escale, on leur donnait une certaine somme d'argent qui était pratiquement la même pour une nuit, deux nuits et plus. Donc en gardant la même fille, nous ne déboursions qu'une fois. La deuxième raison, c'est que si nous avions choisi celle-ci et pas une autre c'est qu'elle nous plaisait, et de leur côté, ayant trouvé la sécurité avec un homme, elles ne désiraient pas en changer non plus. Tout était donc bien.

Après plusieurs voyages à Madagascar, j'appris enfin comment les jeunes filles se lançaient dans la prostitution (appelons les choses par leur nom).

La première fois, soit elles venaient accompagnées d'une grande, ou plutôt d'une ancienne, soit elles prenaient un petit peu d'alcool pour avoir le courage de franchir la porte et une fois à l'intérieur, l'amour faisait le reste.

Elles me racontaient que c'était un travail comme un autre (pardon, une source de revenus comme une autre) et que si elles trouvaient un homme qui leur assure et la nourriture et les soins quand elles en avaient besoin, elles resteraient toujours avec le même homme. Mais voilà, le même homme ne reste jamais bien longtemps au port, donc il faut en changer quand il est parti, et on recommence.

Le Chat botté n'est pas le seul endroit où les filles sont disponibles, certaines venaient directement à bord.

Je me souviens d'une escale d'amarrage où je n'étais pas de manœuvre, en pleine sieste juste avant de reprendre le travail, ces demoiselles, le bateau tout juste à quai, montent à bord et visitent les cabines pour vendre leurs charmes.

L'une d'elles entre dans ma cabine, et me secoue en me demandant si je veux faire l'amour avec elle. A peine réveillé, je me retourne sur la cause de cette intrusion et, sans doute rêvant d'autre chose de ce qui était devant moi, je me surprends à dire:

-''Non pas avec toi, tu es trop moche".

La fille, vexée à mort par cette réponse peu habituelle en cette occasion, me colle une gifle monumentale, et me laisse là, avec cette réponse que je n'ai jamais oubliée:

-"Alors t'as qu'à te branler tout seul, salaud".

Les risques du métier !!!

Un collègue me raconta plus tard qu'ayant répondu affirmativement, il ne put jamais la mettre complètement à poil car elle gardait toujours quelque chose en haut; il eut la réponse écœurante en insistant, elle avait un furoncle énorme qui lui faisait pratiquement un troisième sein au milieu de la poitrine.

Les risques du métier bis !!!

Clôturons là ce chapitre, et revenons à d'autres choses beaucoup plus saines.

 

Ma vie de marin de commerce (Anvers)

Anvers

Le rendez-vous des homos

Comme pour le Chat botté à Madagascar où chaque marin passant par là a poussé au moins une fois la porte de son antre, les homos du monde entier ont un jour transité par Anvers.

Un soir de bordée, avec quelques autres du cargo, nous étions au bar d'une boîte où tout le monde du mousse au Commandant (pardon, depuis le plongeur jusqu'au patron) était de la jaquette.

Cela nous amusait de voir leur petit trafic, car en plus du débit de boissons, le lieu faisait bordox. Il fallait voir le va-et-vient des clients qui montaient dans les étages avec ces "dames".

Ce fameux soir donc, arrive un marin de couleur, qui ne semblait pas connaître le genre de la maison. Après quelques verres avec "une hôtesse", nous les voyons monter à l'étage.

Il ne sait pas écoulé cinq minutes, que nous entendons comme une dispute, un bruit de gifle, et notre homme qui descend dans une colère noire (sans jeux de mots) en remettant son pantalon, et en hurlant: -"C'est pas possible, c'est pas possible". Il quitta l'établissement sous la risée des clients ayant assisté à la scène mais surtout ayant compris le pourquoi de cette fuite précipitée. Notre homme pensait vraiment passer un bon moment avec une vraie femme, et n'a pas supporté la tromperie.

D'ailleurs, quelques temps après, la cause de l'incident descendait à son tour en pleurant, et allait se faire consoler dans les bras d'un autre client.

 

 

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