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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140 histoires vécues.

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mauricelemarin

Préface

Maurice, à 60 ans
Maurice, à 60 ans 
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                                           Préface

Après nous avoir transportés dans ses bateaux de la Marine Marchande, l'auteur reprend sa plume pour un récit autobiographique.

Enfin à la retraite, il décide de raconter sa vie de sa naissance à nos jours. Récit qui ne manque pas d'anecdotes truculentes et croustillantes en tous genres. L'on passe du rire à la tendresse qui a marqués la vie de Fauteur.

Il nous livre avec franchise et beaucoup d'humour, des scènes cocasses, osées mais aussi pleines de réalisme et de sincérité.

Car derrière ce grand bonhomme et ses histoires avec les femmes, se cache un être sensible et vrai.

Alors, si les lecteurs se sont délectés des mémoires d'un marin dans:

"De Bâbord à Tribord" (Tome 1 & II), ils liront avec tout autant de plaisir ce nouveau récit.

Bonne lecture et bon voyage dans le temps.

 

Sandra Abbrascato, correctrice.

 

 

La naissance, l'enfance, la scolarité

Maurice jeune, école primaire
Maurice jeune, école primaire 
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   La naissance, l'enfance, la scolarité

1943, la France est en guerre, les allemands maîtres du pays, l'envahissent. Nous sommes à La Ferté-St-Aubin, petit village du Loiret, à vingt kilomètres au sud d'Orléans, en descendant sur Vierzon.

Les hommes valides, non engagés dans l'armée font vivre le village. Seule contrainte que l'occupant leur impose: faire des tours de garde la nuit, pour que les maquisards ne fassent pas sauter le pont ferroviaire, enjambant la petite rivière "le Cosson" et le dépôt de munitions de l'usine du domaine de Chevaux, aux mains de l'ennemi. Contraintes faciles à détourner, car les allemands, ne connaissant pas la populace, exigeaient uniquement un certain nombre d'hommes valides chaque soir, à tel ou tel endroit.

C'est ainsi qu'en août 1943, une nuit où un homme désigné de garde pour la nuit, échangea son tour avec le mari de ma mère, ceci pour je ne sais plus quelle denrée vitale pour l'époque et, suivant le dicton bien connu:- « Qui va à la chasse perd sa place » que, neuf mois plus tard, le vingt-six avril 1944, à cinq heures du matin naquit un superbe bébé de dix livres; votre serviteur.

N'étant pas sur Terre pour juger des agissements de ses parents, surtout avant ma naissance, je passerai outre le côté moral de l'acte pour ne vous parler dans ce récit que de ce beau bébé venu au monde pratiquement en même temps qu'à la fin de cette der des ders, comme disaient les anciens.

Je ne peux pas dire que j'eus une enfance malheureuse, bien qu'étant élevé les premiers mois avec les bons de rationnements.

Mon père, (je n'ose user du terme père génétique et père nourricier, c'est pourquoi je ne parlerai dans ce livre que de celui dont je porte le nom). Ce père donc, ne gagnait pas trop mal sa vie, chef noyauteur aux fonderies de Sologne, place de la gare a La Ferté St Aubin, était rentré dès qu'il avait quitté l'école primaire à douze ou treize ans, pour n'en ressortir que près de cinquante ans plus tard, l'âge de la retraite étant atteint»

Ma mère, avec mes deux autres frères plus grands, était ce que l'on appelle une mère au foyer et, seule la paie de mon père assurait la bonne marche de cette petite famille.

La guerre terminée, le village nettoyé des restants de bombardements, chacun pouvait enfin reprendre une vie normale. Ce fut pour moi le moment de rentrer à la petite maternelle. Je n'avais que deux ans et demi. Si petit pour la maternelle, que c'était mon grand frère, de six ans mon aîné qui me tenait par la ceinture pour me conduire à l'école, de peur que je ne me sauve retrouver ma mère.    

Il parait que l'on ne se rappelle pas des faits et gestes que l’on a avant trois ans, pourtant, j'ai encore des bribes de souvenirs de cette époque.

Ma première institutrice s'appelait mademoiselle Langlois, une très vieille dame très gentille envers moi, car je ne me souviens pas avoir été grondé ou puni pendant toute cette période de maternelle. Comme j'étais le plus jeune de sa classe, il est possible aussi que je sois devenu le chouchou de la maîtresse, et que de ce fait, elle devait passer les petites fautes légères de ce beau poupon blond au yeux bleus.

Le programme journalier a été longtemps le même des années durant: le matin on nous éveillait avec des livres pleins de dessins et de textes que la maîtresse nous lisait. L'après-midi, sieste obligatoire, assis, la tête reposant sur nos pupitres, avec interdiction de chahuter, (sinon gare à la fessée!) et il fallait rendre des bons-points que l'on avait eu du mal à se faire offrir pour de bonnes notes obtenues ultérieurement. Déjà l'ombre de la carotte et du bâton...

Une chose dont je me rappelle aussi ou plutôt que ma mère ma raconta plus tard, c'était que j'étais déjà intrépide pour mon âge.

Du fait que mon père était chef mouleur à la fonderie de Sologne, nous habitions une maison de fonction, juste à l'angle, de la rue Masséna et de la place de la gare. Avant nous, cette grande demeure était une épicerie buvette avec beaucoup de pièces et une grande cours où je jouais, seul ou avec mes frères.

D'après ma mère, je n'avais pas encore quatre ans quand, depuis la fenêtre de la cuisine, elle me vit seul dans la cour grimper sur des tréteaux posés près du mur. D'escalades en escalades, je me retrouvai d'abord sur le toit de la buanderie pour finir carrément sur le sommet de notre maison.

Elle me racontait:

-'" Quand je t'ai vu là-haut, je n'ai pas crié, je ne t'ai pas appelé de peur que tu ne tombes, j'ai attendu calmement que tu redescendes par toi-même, mais j'ai dû prendre dix ans en cinq minutes!",

La pauvre, elle souffrait déjà à cause de moi, et pourtant ce n'était que le début. Petite maternelle, grande maternelle, tout cela se déroula calmement. Puis vint le passage pour la grande école. Nous sommes maintenant au tout début des années cinquante.

La seule condition pour passer le pas et se retrouver chez les grands, était qu'il fallait savoir lire, disons quelques lignes, sans plus, mais surtout il fallait savoir écrire, à l'encre s'il vous plaît, la pointe Bic n'ayant pas encore fait son apparition. Je passai facilement cette épreuve, assimilant tout ce que l'on avait bien voulu me faire entrer dans le crâne.

 Ce n'est que bien plus tard que je devins le cancre que tous les instits maudirent, mais qui réussit quand même à passer son C.A.P. de monteur-électricien en bâtiment, après trois années d'internat dans un collège d'enseignement professionnel.

Mais ne brûlons pas les étapes, et restons pour le moment en primaire. Je ne vais pas passer en revue chaque classe, du cours préparatoire au certif, mais vous raconter au fur et à mesure de mes souvenirs, des anecdotes susceptibles d'intéresser le lecteur.

En C.P., j'étais cancre à tel point que l'instit m'envoyait porter des mots doux à sa maîtresse (sic) justement parce que je ne savais pas lire, donc incapable de déchiffrer le message. Mais manque de chance, dans le couloir, je tombai nez à nez avec ... le mari de la destinataire de la missive, (autre instit) qui l'ayant lu me dît de la porter à destination, sans le dire à celui qui me le fit acheminer.

Les jours suivants, il n'y eut pas à signaler de meurtres, ni de gueules cassées. Les enseignants sont une grande famille, mais quand même!

Un soir de colle, comme pratiquement tous les soirs (n'est pas cancre qui veut), je me retrouvai dans une salle d'étude attendant que mon bourreau vienne me délivrer. Je devais avoir onze ans. Au lieu du prof libérateur, c'est un autre qui, passant par là, intrigué par la lumière dans cette salle, devant être vide à cette heure, me trouva seul, apeuré. C'était mon futur instit pour l'année prochaine. J'avais déjà redoublé une fois, je devais passer enfin cette fois-ci, il me demanda les motifs de ma colle, je bredouillai n'importe quoi, ce qui eut pour but de l’énerver. -"Dire que l’année prochaine tu passes dans ma classe, je n'ai pas fini de m'amuser avec toi!"

S'il en était resté là... Mais la vision de ce cancre irrécupérable à ses yeux qu'il devait endurer toute une année le mit hors de lui, et il me flanqua une paire de gifles bien administrées. -"Rentre chez toi, je dirai à celui qui t'a puni que c'est moi qui ait levé la punition".

La vache, l'autre au moins ne m'aurait pas frappé! En fin de compte, je restai deux ans dans sa classe juste avant celle du certif. Deux ans à souffrir car, toujours aussi cancre il ne se privait pas de temps en temps de me faire comprendre que les nuls comme moi étaient matés à force de grandes claques et de coups de règles sur les doigts.

Cela s'est quand même mal terminé pour lui. En fin d'année il voulut me donner une dernière correction, mais c'était sans compter sur la hargne que j'avais accumulée envers ce type et, à rapproche de mes quatorze ans, grand gaillard déjà musclé je lui rentrai dedans avant qu'il ne lève la main sur moi.

 Cela me valut trois jours de mise à pied ce qui, dans les années cinquante fit grand bruit dans tout le canton.

La dernière année avant le certif se passa mieux merci, le prof me foutant une paix royale.

Grâce à ce répit, me mettant enfin au travail pour le but final, je passai avec succès l'épreuve du C.E.P.

Ce certificat d'étude primaire voulait juste dire que je savais lire, écrire et compter. Il fallait maintenant apprendre un métier.

 

Les fêtes au Cosson. La fièvre du samedi soir

Les vaches de la mère monette.
Les vaches de la mère monette. 
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 Les fêtes au Cosson

La fièvre du samedi soir

Au Cosson, appellation donnée au terrain longeant la rivière du même nom. De nos jours, il y a la piscine, le terrain de camping et une aire de jeux. Je l'ai connu dans les années 50, où il y avait encore les deux terrains de tennis. La mère monette* amenait ses vaches tous les après midi de derrière la gare pour les faire paître la où maintenant se trouve le terrain de camping. Tout cela se situait près de la ligne de chemin de fer.

De l'autre côté, entre le casino du cosson (nom du bar-restaurant) et la N 20, les baignades étaient autorisées, par contre il fallait se baigner devant le déversoir, car juste derrière, les égouts des abattoirs rejetaient le sang des bêtes abattues. D'ailleurs, dès que nous entendions un beuglement dans les hangars, à seulement vingt mètres de nous, dans les secondes qui suivaient, l'eau devenait rouge, il ne faisait pas bon se baigner à cet endroit.

A cette époque, le casino possédait encore des cabines avec douches, et louait pour l'après-midi des caleçons de bain.

De temps en temps, dans la prairie longeant la rivière, les municipalités organisaient des fêtes. Je me souviens, je devais avoir tout juste dix ans, un parquet (un bal itinérant) était installé à l'occasion de je ne sais plus qu'elle réjouissance communale.

Trop petit pour entrer dansé, bien sûr, je restai tout près de l'entrée pour profiter de la musique qui sortait du chapiteau. Un individu d'une trentaine d'années se trouvait également à l'entrée, par contre, il semblait attendre quelqu'un à sortir.

En effet, au moment où un groupe de jeunes sortirent, il se jeta sur l'un d'eux et lui envoya un coup de poing en pleine figure. L'agressé tomba par terre, l'autre n'en resta pas là, il voulut le frapper à nouveau, mais se ravisa aussitôt :

- "Merde, ce n'est pas le bon".  Il s'était trompé de personne. Tout penaud, il aida le malheureux à se relever et lui expliqua:

- "Désolé mon vieux, mais tu ressembles trop au type qui m'a soufflé ma
cavalière tout à l'heure, une petite mignonne qui m'avait promis la prochaine
danse avant de se faire inviter par un autre. Je suis vraiment désolé, tu n'as qu'a
me rendre le coup de poing que je t'ai donné, comme cela nous serons quittes".

Le pauvre vieux n'était pas aussi belliqueux que son adversaire, je les vis partir ensemble du côté de la buvette où, après quelques chopines bues ensemble, ils devinrent les plus grands amis du monde.

*La  mère monette: ce n'était pas son vrai nom bien sûr, mais comme elle appelait toujours ses bêtes par ce mot là, le nom lui est resté.

 

Les premiers boulots, le collège en vue.

Maurice, en communiant.
Maurice, en communiant. 
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Dans les années 50, après les communions, il fallait : Soit trouver un patron, soit entrer dans un centre d'aprentisage.

  Les premiers boulots, le collège en vue.

         Le C.E.P, en poche, que faire? Pas assez doué pour continuer la sixième, j'étais plutôt manuel qu'intellectuel et, à quinze ans passé, il fallait pourtant me caser quelque part,

        - "De mon temps, on t'aurait mis au cul des vaches pour les garder, car des bons à rien comme toi, il faut bien qu'ils fassent quelque chose!".

        Ainsi parlait mon père. Heureusement ma mère ne l’écouta pas et, comme je lui avais fait part de mon intention de devenir électricien, elle se renseigna auprès de mes anciens instituteurs.

         A grand renfort de coups de téléphone dans des établissements, elle finit par trouver le centre d'apprentissage de Montmirault près de La Ferté Allais, en Seine et Oise.

        L'inconvénient était que pour cette année scolaire la section électricité était complète. Le directeur promit de me prendre l'année suivante, après un petit examen d'entrée, car il y avait déjà beaucoup d'inscrits.

        Un an de perdu, il fallut quand même s'occuper. Je trouvai avec du mal, à m'embaucher comme apprenti électricien dans les environs, ce qui me permît de patienter.

        De toute cette année, je me souviens des bons souvenirs, lisez plutôt.

        Pour un chantier, nous étions ramassés par un camion qui nous prenait devant chez nous. Un jour, un nouveau prit place dans le fond, et ne dit pas un mot. En se retournant, l'un de nous l'aperçut, tout rouge, se contorsionnant

        On lui demanda ce qu'il avait, il nous répondit qu'il avait des gaz, et qu'il se retenait pour... ne pas nous importuner. On se moqua de lui.

        -"Nous sommes tous des ouvriers, ce n'est pas un pet qui va nous déranger". Cela le rassura, et il se soulagea.

        Il ne se passa pas trois secondes, pas une de plus pour que le chauffeur, sans dire un mot, mit son clignotant, tourna dans un chemin creux et, suivis de tout le monde, on descendit en vitesse pour... respirer un bon bol d'air frais. Le coupable, l'air encore plus penaud ne savait plus où se mettre. Ma parole, il avait bouffé un cimetière!

        Même équipe, sur un chantier d'aménagement de pavillons, certains, déjà terminés étaient occupés.

        Notre chef d'équipe avait remarqué dans un pavillon juste devant le nôtre, une jeune femme qui, dès qu'elle nous voyait, nettoyait ses grandes baies vitrées. Elle y mettait du cœur, et, pour atteindre les parties hautes, montait sur un escabeau.

        Jusque là, pas de quoi en faire un récit, mais attendez la suite.

        Je ne sais plus qui le vit le premier mais, on s'aperçut très vite qu'une fois perchée, elle n'avait pas de culotte, se trémoussant de plus belle dès qu'elle s'apercevait que nous la regardions, le barbu pratiquement à l'air.

        Honneur au chef qui, devant cette attitude provocante, se dévoua et, pour un prétexte futile, se risqua de sonner à sa porte.

        On ne le revit qu'une petite heure plus tard. Il ne raconta pas son entretien, mais nous expliqua que, son mari étant toujours en déplacements, elle s'ennuyait terriblement Je ne sais pas pourquoi, mais ce chantier, en face de cette demeure si accueillante s'éternisa, et toute l'équipe, à tour de rôle vint frapper à la porte de sa propriétaire.

        Hélas, il fallut bien un jour quitter le chantier enfin terminé, mais l'histoire ne s'arrêta pas là. Le tout dernier jour, quand nous savions que nous ne reviendrions plus dans le coin, le chef fit porter à notre bienfaitrice par le plus jeune,... une carotte.

        Comprend qui veut.

        L'année se passa comme cela, tranquille, de petits chantiers en grands moments de déconnades.

        Avec une bande de copains, dans leurs premières voitures toutes décorées, bariolées, trafiquées, provocantes, nous circulions en cortège dans les rues du village. Nous roulions au ralenti, pour emmerder tout le monde, il faut bien le dire. Les passants, sur le bord de la rue, soit nous applaudissaient, soit nous injuriaient. Les mères de famille, hilares se moquaient de nous, pensant sans doute que nous n'étions qu'une bande de dépravés, sans intérêts, et surtout inintéressants pour leurs filles.

        Nous avions prévu cette attitude, c'est pourquoi sur la dernière voiture du cortège une grande pancarte indiquait:

        -"Ne riez pas mesdames, vos filles sont peut-être à l'intérieur ».

        Ce qui avait pour effet de faire stopper les rires et injures, et chacun rentrait chez soi, compter sa progéniture.

        En juin reprenant contact avec le directeur qui avait tenu parole, on m'attendait début septembre pour l'examen d'entrée car il n'y avait que quatre places de disponibles pour une vingtaine d'inscrits. Ma mère demanda à une ancienne institutrice en retraite de mes faire des cours de soutien et, pendant les deux mois de vacances, quatre jours par semaine je réapprenais les maths, le calcul mental, les départements, les fleuves et les principales dates de l'histoire de France, tant et si bien que, pour l'examen, je fus reçu deuxième.

      

 

Les années collège

Le mur des W.C. du collège, où, de temps en temps...
Le mur des W.C. du collège, où, de temps en temps... 
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     Admis bien sûr, en internat, il ne restait plus qu'à me préparer un trousseau. Tout fut près à temps. Les trajets étaient plutôt compliqués, voyez plutôt: La Ferté-St-Aubin, Orléans, Etampes par le train et le reste en vélo, mis dans la soute à bagage à la Ferté, récupéré à Etampes pour, après une quinzaine de kilomètres, arriver au centre (ceci pour la première et deuxième année).

Il va sans dire que la première fois, ce fut un ami de la famille qui m'amena en voiture avec tout le paquetage: valises pleines de linge, gros cartable, planche à dessin...

        La Ferté-St-Aubin, Orléans, gare d'Austerlitz, métro gare de Lyon, et omnibus de banlieue, Corbeil, Juvisy pour descendre à La Ferté Allais (en troisième année). C'est à cette époque que j'appris en plus l'électronique par correspondance et que j'allai à Paris rue Traversière, dans le 12em, acheter mes premiers composants dans une boutique d'électronique.

        Dans ce collège, qui d'ailleurs à l'époque se nommait centre d'apprentissage, j'étais interne, donc pensionnaire du lundi au samedi. En principe, toutes les fins de semaine à partir du samedi midi, j'avais quartier libre jusqu'au dimanche soir.

        En troisième année, je prenais le train à La Ferté Allais distant du collège de Montmirault de deux bons kilomètres. Ce que nous faisions à pied bien sûr, avec une petite valise de linge sale que notre mère se devait, à peine arrivée, de laver, sécher et repasser. Ainsi, dès le dimanche après-midi la valise était prête à nouveau pour nous assurer du linge propre pour la semaine à venir.

        La Ferté Allais Paris, le train de grande banlieue passait par Corbeil Essonne, Juvisy. Une bonne heure plus tard, Paris gare de Lyon, traversée de la Seine à pied par le pont d'Austerlitz pour rejoindre la gare du même nom où, encore une heure plus tard, à Orléans un train omnibus pour Vierzon me déposait à La Ferté St Aubin, but de mon voyage.

        Parti du centre de Montmirault à 14 heures, je n'arrivais chez moi à la Ferté que le soir à 19 h 30 par le train des ouvriers Orléans-La Ferté. L'expédition durait presque six heures! Normalement, je devais faire cela chaque semaine, mais c'était sans compter sur les colles, car si mauvais élève en primaire, pourquoi changer en bien en secondaire?

  L'obtention de mon certificat d'étude fut le sésame pour avoir le droit de me présenter dans ce bahut afin d'apprendre le métier que j'avais choisi, à savoir: monteur électricien en bâtiment, remplacé depuis longtemps par électricien d'équipement.

        Si le directeur de cet établissement avait pu savoir comment s'était comporté l'élève Renard pourtant si timide à première vue dans l’école de sa ville natale, je suis sûr qu'il aurait trouvé tous les prétextes pour que je ne sois pas admis dans ce centre.

        Mais voilà, fêtais dans la place, et j'y restais trois ans, non sans mal. J'en sortis avec ce fameux certificat d'aptitude professionnelle (C.A.P.) qui, par la suite encore me fut très utile et surtout nécessaire pour avoir le droit de naviguer dans la marine marchande. Mais ceci est une autre histoire, racontée dans mes deux ouvrages précédents.

        Revenons si vous le voulez bien à ces samedis de colle qu'il fallait bien meubler en attendant le samedi suivant

        Il y aurait plusieurs histoires à raconter pour remplir un livre entier. Je n'en citerai donc que quelques unes.

        Fort d'une réputation de défenseur du faible et de l'opprimé, je ne pouvais pas admettre que des pions de collège, guère plus âgés que moi (en troisième année j'avais près de dix huit ans) abusent de leur pouvoir pour crâner auprès des nouveaux.

        A la récré, je me bagarrais avec un troisième année qui, à mes yeux emmerdait des premières années. Je sentis que l'on me tirait par les épaules. Pensant à un copain de celui que je tabassais venu le défendre, sans me retourner, j'envoyai un violent coup de poing... dans le ventre du surveillant qui tentait de nous séparer. Sous la violence du choc, il fut projeté en arrière et tomba à la renverse. Se relevant péniblement, en se tenant le ventre il hurla:

        -"Renard, ton nom..." Abasourdi par le violent coup, il voulut me demander le numéro de mon trousseau pour faire un rapport au directeur sur cet élève si violent qui se permettait de corriger les pions de collège.

        Un soir, dans une salle d'étude, alors que je chahutais avec des camarades, la porte s’ouvrit, sur le directeur qui voulut nous calmer. Je pris une attitude arrogante à ses yeux, et il me lança:

        -"Ne prenez pas cet air idiot Renard qui vous va si bien d'ailleurs!".

        Je dus répondre pour ne pas perdre la rime: -"Bien M le directeur".

        Le centre d'apprentissage de Montmirault était un ancien château, transformé en salles de cours, dortoirs et cantine. Tout le bâtiment était entouré d'un grand parc où, en temps normal nous n'avions pas le droit de nous y promener seuls.

        Les cours d'éducation physique se donnaient dans ce parc, dans des endroits spécialement aménagés. C'est dans ces sorties encadrées que j'avais remarqué un potager et plusieurs arbres fruitiers, notamment des pommiers.

        Un dimanche de colle donc, j'avais une envie de pomme. Avec un élève de première année, nous échappions à la garde du surveillant et nous voici partis dans le pare goûter le fruit défendu.

        De grandes herbes hautes sous les pommiers nous camouflaient pendant que l'on se gavait de ces pommes pas encore mûres. Nous n'étions que fin juin, mais qu'importe, on se régala quand même.

        Ce fut le bruissement des feuilles à quelques pas de nous qui me donna l’éveil. On se plaqua à terre, et écartant légèrement les herbes devant nous, je risquai un œil pour voir quel était l'intrus qui nous dérangeait ainsi.

        C'était le directeur, un fusil à la main et tout près son chien qui nous avait levés. Que faire? La bête était en arrêt devant nous, à dix pas. «Le dirlo», derrière, voyant l'animal stopper net dans notre direction, pensant à un gibier traqué par son fidèle compagnon leva son fusil. Mon complice, mort de peur était incapable de faire quoi que ce soit.

        Je paniquais aussi, mais me dus de faire quelque chose. Nous n'allions quand même pas nous faire canarder comme cela. Je surgis   des fourrés en hurlant je ne sais quoi.

        Quarante cinq ans après, j’imagine encore la tête du directeur.

        Plus surpris que nous, il a baissé son fusil, a rappelé son chien et blême, pouvant à peine parler nous a dit avec un grand calme de rentrer immédiatement au centre.

        L'histoire ne s'arrêta pas là, je m'attendais par la suite à des représailles justifiées-de l'autorité.

        Ce fut le lundi midi, en sortant du réfectoire.

        Le directeur nous mit tous en rang, première, deuxième et troisième années confondues et, devant ces dizaines de pensionnaires étonnés il me fit sortir des rangs. Je pensais en moi-même:

         -"Maurice, là tu as dépassé les bornes, devant tout le monde il va te foutre une volée que tu auras bien méritée".

        Eh bien non! Il s'adressa à moi: -"Renard, tu aimes tant que cela les pommes ?, Et avant que j'ai pu bredouiller une quelconque réponse il mit dans les poches de ma blouse toutes les pommes qu'il avait amenées dans un sac.

        Pendant que je ramassais celles qui étaient tombées par terre, il expliqua à tout le monde que cet imbécile (moi) avait failli se faire tuer hier dans les conditions évoquées plus haut.

        Ce fut ma seule punition, le pauvre directeur, tellement content de ne pas avoir tué deux de ses pensionnaires avait choisi de me faire honte devant tout le monde. Mais je n'étais plus à cela près, et ce ne fut pas la dernière connerie.

        Tout autour du château donc, il y avait un grand parc, avec des sapins, immenses. De temps en temps, j'allais grimper au plus haut, et là, des heures durant, je méditais en regardant autour de moi le spectacle offert.

        Un jour, je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis monté comme d'habitude, mais avec une scie à métaux entre les dents.

        Une fois là-haut, avant de redescendre, je coupai deux bon mètres de cime que je jetai au loin et, content de moi, je redescendis comme si de rien n'était.

        Cela se passa un dimanche... de colle.

        Tout les lundis matin, c'est notre directeur qui faisait l'appel des troupes, pour nous donner les consignes de la semaine, et surtout nous rappeler quelques règles de conduite dans un établissement d'une telle envergure.

        " N'est-ce pas Renard, pensais-je en moi-même".

        Dans la cour es élèves faisaient face à la forêt et le directeur devant nous ne pouvait voir ce que certains avaient déjà repéré; ce grand sapin, juste devant eux, la tête coupée.     Il y eut comme un mouvement de foule, plusieurs élèves interpellaient leurs camarades pour leur faire voir ce qu'ils n'osaient pas croire: le plus beau sapin du parc, décapité.

        Le directeur, se retournant enfin, mit plusieurs secondes avant d'apercevoir à son tour l'objet du délit.

        Rien, aucune réaction, il ne broncha absolument pas. Il nous ordonna de nous taire, et finit son exposé.

        Ce n'est que beaucoup plus tard qu'il me fit venir dans son bureau. Il ne parla même pas du sapin, ne me demanda même pas d'avouer la décapitation, car il savait très bien que ce ne pouvait être que moi l'auteur. De mon côté, je n'allais pas jurer mes grands dieux que je ne savais pas pourquoi j'étais dans son bureau.

Calmement, il prit la parole :

        -"Renard, tu as dépassé les bornes, je ne peux plus te garder ici, vis à vis des premières années, tu es un très mauvais exemple, je te laisse inscrit pour le C.A.P. que tu dois passer à Corbeil dans quinze jours, tu te présenteras comme candidat libre, je ne veux plus te voir!".

        Le pauvre, il avait quand même tenu près de trois ans.

        Pensant encore à justifier sa conduite envers moi, il sortit une feuille d'un dossier et m'énuméra les rapports des profs et pions depuis mon entrée dans l'établissement:

- élève d'une insolence des plus rares et des plus vulgaires. Exemples:

- à la récréation, oblige sous la menace un élève de première année de traiter le maître d'internat de con.

- au réfectoire, casse l'assiette de son voisin et en menace le surveillant avec les morceaux.

- descente nocturne dans la remise de la cantine pour boire le vin destiné aux professeurs.

- fait le mur pour, en dehors des heures de sorties autorisées, passer son temps en face à l'épicerie, jouer au baby-foot. (Tu parles, en fait de baby-foot, c'était la fille de l'épicière qui m'accueillait les bras ouverts, et quand je dis les bras...).

        J'en passe et certainement des meilleurs.

        Ironiquement, il eut quand même le courage de me dire que le coup du sapin était trop récent pour l’inclure dans sa liste, mais qu'il y en avait suffisamment comme cela pour justifier mon renvoi.

        Tous ces rapports étaient envoyés à la maison par la poste, et il fallait que ma mère, après en avoir pris connaissance les renvoie signés au directeur, par courrier. Car si je mettais la main dessus, personne ne les retrouverait.

        La pauvre! Que de soucis elle a dû se faire avec ce grand garnement qui lui procurait tant de misères! Je pense qu'elle fut soulagée, oh combien quand, un petit mois plus tard, je reçus ce papier annonçant ma réussite pour mes trois années d'internat.

        Pour en revenir au sapin décapité et les virées en face, à l'épicerie, trente ans plus tard, avec ma femme et mes jumeaux, (la grande fille étant partie depuis peu en Suède), me promenant un dimanche, je fis voir à ma petite famille les endroits où, collégien, je passai trois années en internat. Je reconnus mon sapin qui pourtant, après si longtemps, ne s'était toujours pas remis de sa coupe forcée. De plus, en trafiquant sur la Ci-Bi* de mon véhicule, je rentrai en conversation avec une femme.

        Après une petite discussion de quelques minutes, lui expliquant les motifs de ma venue en ses lieux, elle m'interrompit:

        -"Tu ne serais pas Maurice par hasard? Est ce que tu es seul?"

        Après tant d'années, il y avait prescription. Ma femme en rit encore. C'était elle, la petite de l'épicerie, qui, à la mort de ses parents avait repris le commerce devant mon collège.

        Elle m'avait reconnu, trente ans plus tard. J'avais dû, à l'époque lui faire très bonne impression pour qu'après tant d'années elle rêve encore de son Maurice, si fougueux à l'époque.

        Nous étions un dimanche, sa boutique était fermée, elle m'aurait certainement ouvert sa porte à nouveau pour se rappeler les bons moments passés ensemble, mais je n'ai pas osé, vis à vis de ma femme et de mes deux enfants. Tout seul peut être... mais avait elle quelqu'un de son côté? Elle ne me le dit pas, nous nous sommes quittés sur la CI-BI sans nous voir de visu.

        Revenons à mon renvoi du bahut, quinze jours avant l'examen du C.A.P.

        Viré comme un malpropre, je rassemblai tout mon paquetage, la valise énorme, le cartable plein de trois années de cours plus ou moins bien appris, et le fameux carton à dessin.

        Pas le temps de prévenir la famille de l'arrivée du fils à la maison. De toute façon, à cette époque pas de portable, les parents ne possédaient d'ailleurs pas le téléphone. Il n'y avait que le télégramme pour prévenir mais je n'en eus pas le courage.       

Mon vélo était encore dans une remise, je calai le tout tant bien que mal sur le porte-bagage et me voilà parti sur les routes. Montmirault Etampes, je connaissais pour l'avoir fait pendant deux années de suite, mais le plus dur fut le trajet Etampes Orléans La Ferté St Aubin. Près de cent kilomètres à vélo, chargé comme un mulet. J'avoue que je ne le ferais plus.

        Parti en milieu d'après-midi du centre, j'arrivai en pleine nuit à la maison, complètement épuisé. Tout le monde dormait bien sûr.

        Ma mère, affolée de me voir dans ces conditions se calma assez vite, voyant que je n'avais pas trop souffert de l'expédition. Je mis quand même deux jours à me remettre de la fatigue dans les jambes.

        Il restait une quinzaine de jours avant la date de l'examen du C.A.P. à Corbeil, j'en profitais pour bûcher mes cours. De toute façon, il n'y avait rien d'autre à faire.

        Parcourir trois années de leçon en quinze jours, c'était un record. Je me fiai à ma très grande mémoire pour emmagasiner toutes les données que je jugeais nécessaires pour l'examen.

        D’ailleurs, conscient que je n'avais pratiquement rien fait pendant ces trois années d'internat, le dernier mois, tous les soirs dans mon lit sous les couvertures avec une lampe de poche, je relisais mes cours. Mais est-ce que ce serait suffisant pour décrocher le C.A.P. ?

        La veille de l'examen, je partais seul en train pour Corbeil, pensant trouver un hôtel pour y passer la nuit. Manque de bol, la ville était en fête pour, je crois, une grande foire annuelle, donc impossible de trouver une chambre dans toute la ville.

        Mais ce n'est pas cela qui m'arrêta. Je me rendis au collège où, le lendemain je devais passer l'épreuve. Situé hors de la ville, il y avait un champ de blé tout près. Je revins le soir à la tombée de la nuit et, me frayant un chemin dans les sillons assez loin de la route pour ne pas être repéré, je passai la nuit à la belle étoile. Au petit jour, le premier arrivé et pour cause, on nous offrit un petit déjeuner avant de commencer.

        Pendant toute la journée, épreuves sur épreuves, je passai ce fameux diplôme que je décrochai avec mention assez bien.

        Ces trois années ne furent pas trop gâchées en fin de compte, mais j’avoue que j’aurais dû mieux les passer en étant un petit peu plus assidu.

         "N'est-ce pas M le Directeur?".

        C.A.P. en poche j’étais près à me lancer sur le marché du travail mais, à dix huit ans et demi, je fus vite convoqué pour les trois jours, l’armée  m'attendait.

       *CI-BI; Citizen Band, la bande du citoyen. Emetteur récepteur sur 27 Méga-Hertz disposé dans les véhicules pour discuter entres conducteurs et avec des stations fixes. Très à la mode dans les années 1980. (Voir chapitre: Radio Bourgogne Composants).

 

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