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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

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Ma vie de marin de commerce (Mauvais calcul)

                Mauvais calcul
La chaudière-fusée

Sur les petits* pétroliers de trente-deux mille tonnes, la séquence automatique de nettoyage des brûleurs de la chaudière n'existe pas. Il faut de temps en temps faire un décrassage manuel à l'aide de décapants industriels se présentant sous la forme de tablettes que l'on jette par un orifice spécial, ce qui a pour effet de provoquer une chauffe ponctuelle intense qui brûle en quelques minutes les résidus de suie indésirables.

Le produit est dangereux, il faut le manipuler avec d'infinies précautions, et surtout, ne jamais dépasser le dosage calculé une fois pour toutes suivant les dimensions de la chaudière.

Un jour, un graisseur plus malin que les autres voulut expérimenter le produit sur la chaudière de son pavillon.

Calculant, à grand renfort d'opérations, le dosage nécessaire :

-"La chaudière du bord fait douze mètres de haut, sur huit mètres au carré, soit sept-cent soixante huit mètres cubes de volume, il faut dix tablettes de décapant à chaque fois, soit une capsule pour soixante seize mètres cubes, ma chaudière fait sept mètres cubes, donc un dixième de cachet suffira pour nettoyer le foyer ".

Heureux de sa trouvaille, il envoya quelques pastilles miracle à sa femme, lui expliquant comment s'en servir. Comme cela, pour mes prochains congés, racontait-il à tous ceux qui voulaient bien l'entendre, ma chaudière sera rutilante de propreté, pour presque rien, alors qu'avant, c'était tout un problème pour la faire nettoyer.

Les calculs devaient être faux ou l'épouse se sut pas déchiffrer la notice explicative accompagnant le produit, toujours est-il que seulement quelques jours après, du port où notre marin avait envoyé le paquet, le radio reçut un télégramme urgent, disant que le pavillon de notre marin avait quasiment été soufflé par l'explosion de la chaudière, sans toutefois faire de victimes.

Aux dernières nouvelles, ce couple n'est pas séparé, mais gageons que notre homme s'y reprendra à deux fois avant de jouer au petit chimiste.


*Dans les années soixante les 32000 tonnes étaient les plus gros de l'époque. Eu seulement dix ans, le tonnage a été multiplié par dix et plus, car en fin de carrière, le "Batilus " pouvait transporter 540000 tonnes.

 

Ma vie de marin de commerce (Marche à l'ombre)

Notre protecteur pour cet article Dieu mous à protéger ce jour là/

Notre protecteur pour cet article
Notre protecteur pour cet article 

Marche à l’ombre
           M’en fous la mort

Rio de Janeiro, la plus belle baie du monde que surplombe le pain de sucre, célèbre colline connue du monde entier (en plus de son aussi célèbre carnaval).

Un jour, mes voyages autour du monde m'amenèrent dans cette ville pour débarquer, mon temps de navigation étant atteint. Du port à l'aéroport, il y avait bien une petite heure de route, et comme nous n'étions que quatre à débarquer, un minibus n'étant pas nécessaire, l'agent de la compagnie nous avait commandé un taxi.

Quelle course, j'en tremble encore, le Radio, aussi du voyage, voulait descendre en marche, tant la trouille le tenait.

Un fou, le chauffeur était un fou, une conduite comme cela en France et on vous retirait le permis à vie, avec de l'emprisonnement, lisez plutôt :

Notre débarquement se trouvait en plein mois d'août, une chaleur suffocante, et surtout un soleil de plomb. Notre chauffeur, peut-être d'une part pour nous rappeler que dans son pays des as du volant ont vu le jour, mais surtout d'autre part parce qu'il craignait le soleil, roulait à l'ombre, sans se soucier du code de la route. Bien sûr, quand une voiture arrivait en sens inverse, en plein sur nous en klaxonnant (car elle se trouvait, elle, du bon sens), il se rabattait, mais dès que la voie était libre, hop, à l'ombre, jusqu'à la prochaine voiture, et on recommence, tout le voyage comme cela.

Pénible, très pénible, on se demande ce que l'on a fait au bon Dieu pour mourir si jeune, on hurle les premiers temps, puis on s'y fait, sauf le Radio, qui lui, voulait descendre et continuer à pied.

On s'y faisait tellement que vers la fin, dès qu'une voiture arrivait en sens inverse, à la seconde où le chauffeur l'évitait de justesse, tout le monde en cœur criait : -"Ollé!  On devenait aussi fou que le conducteur, mais que faire d'autre? Lui chantait à tue-tête, peut-être pour se donner du courage?, allez savoir.

Le Christ sur son rocher protégeant la ville, dut se retourner sur nous et avoir une douce pensée pour ces étrangers apeurés, car il décida de ne pas nous faire monter au ciel ce jour-là.

Sois-en aujourd'hui remercié.

 

Ma vie de marin de commerce (Ne raccroche pas c'est gratuit)

Ne raccroche pas, c'est gratuit

L'agence rancunière

De tout mon temps de navigation, je n'avais que des louanges à faire des agences de la compagnie qui, soit nous prenait en charge pour nous emmener à bord, soit nous dégottait un hôtel restaurant de luxe au bout du monde pour que nous attendions tranquillement l'arrivée de notre bateau, afin d'en assurer la relève.

Pour ce récit, la renommée des agences en prend un sacré coup, mais que justice leur soit rendue, beaucoup d'autres auraient certainement fait de même.

Nous étions embarqués ma femme et moi sur l'Isara, à Port-de-Bouc, près de Marseille. Arrivés tôt le matin, nous ne devions en repartir que le lendemain soir, car il y avait quelques petites réparations à faire, et tous les vivres à charger pour quatre mois, le bateau revenait du golfe Persique, les soutes de vivres complètement vides.

La femme du Chef mécanicien avait également embarqué comme nous dans la matinée, mais peu habituée de monter à bord par une échelle de corde (notre place à quai n'étant pas disponible, il nous fallut attendre quelques heures en pleine mer, face au port). Elle faillit se casser la cheville en sautant de la vedette au pétrolier, sur l'échelle de corde. Son mari, assistant impuissant à la manœuvre depuis la passerelle, s'en était pris assez violemment au pilote de la vedette, le jugeant responsable, et l'agent de la compagnie, présent également, voulant défendre son compatriote, en prit aussi pour son grade.

Des méditerranéens, se faire engueuler par un breton, tout gradé soit-il, ils ne l'acceptèrent pas, et jurèrent de se venger à la première occasion.

L'occasion en question ne se fit pas attendre longtemps. Le bateau, un "petit" de trente-deux mille tonnes, n'était pas équipé comme les gros d'une installation téléphonique, avec cabine à disposition de l'équipage. Dès que quelqu'un du bord voulait appeler chez lui, il devait se rendre dans les bureaux de l'agence et téléphoner gratuitement, la compagnie réglait par la suite tous ces petits frais.

C'est ce que fit un marin breton. Habitué à la gratuité du service, il resta un bon moment en ligne avec sa femme à l'autre bout de la France. Au moment de quitter les bureaux, il se fit rappeler par le responsable de l'agence qui, prétextant de nouvelles consignes de la compagnie, était obligé de lui faire payer la communication. Le matelot, écœuré, dut débourser une coquette somme pour l'époque. Je passais juste derrière lui, pour prévenir la maman de mon épouse que sa fille était bien installée à bord, et que tout allait bien pour nous. Je m'attendais à la "douloureuse" également, mais ô surprise, lorsque l'agent, constatant que ce n'était pas la Bretagne, mais le Centre que j'avais appelé, ne me fit rien payer,

Le marin breton, toujours en train de râler dans les couloirs sur sa note qu'il n'avait toujours pas digérée, me regardait de travers, mais je n'allais pas payer de force quelque chose que l'on ne me réclamait pas, par sympathie pour un collègue.

L'histoire ne s'arrête pas là. Le soir même, à bord pour l'heure du dîner, notre marin veut s'asseoir à notre table, je l'invite volontiers en lui précisant :

-« Tu peux t'asseoir, ici c'est gratuit ! »

Il ne me parla plus jamais de tout le voyage.

 

 

 

Ma vie de marin de commerce (Les grandes manœuvres)

Les grandes manœuvres
Le don d'ubiquité *

Lorsque les grands travaux de réparation se passaient à Madagascar, plus exactement dans la base militaire de Diégo-Suarez, il n'était pas rare que le bord recrute des hommes à tout faire, dans la gent masculine civile, en plus des ouvriers de l'arsenal.

Par économie de frais de prise en charge et de devis de travaux, la compagnie attendait parfois d'avoir deux bateaux à quai en même temps.

Ces hommes, employés pour quelques jours, se présentaient une fois pour toutes, à l'embauche le premier jour.

L'appel se faisait uniquement le matin, pendant la première heure de travail.

Des petits malins couraient chaque matin sur le premier bateau, en redescendaient quelques temps après pour se faire embaucher sur le deuxième bateau.

Cela leur donnait deux privilèges: chaque soir, ils recevaient une paie de chaque navire, et en plus, chaque midi un double repas s'ils réussissaient à avaler le premier et se dépêcher de prendre la queue avant la fin du service de popote sur l'autre chantier.

La paie n'était pas bien grosse pour l'époque, chaque soir, chacun recevait cinq cents francs malgache (cinq francs des années 80, à peine 1 euro), et un paquet de cigarettes.

Toujours le même repas chaque midi: un bol de riz et un poisson frit.

Le chef cuistot était chinois, il faisait la navette sur les deux bords pour cuire son riz et préparer ses poissons. Les repas étaient servis par l'encadrement des ouvriers de l'arsenal qui, voyant certainement deux fois les mêmes têtes, se gardaient bien de les dénoncer, trop contents de voir des petits malins compatriotes ruser les riches Français.

Un petit détail qui a de l'importance pour la renommée Malgache, je me souviens du cuisinier qui disait à qui voulait bien l'entendre que le riz de Chine était très bon, mais qu'il reconnaissait la supériorité du riz de Madagascar.

Au moins, celui-là n'était pas chauvin.

* Ubiquité: Présence en plusieurs endroits a la fois.

 

Ma vie de marin de commerce (La course mouvementée)

Pousse-pousse  de Madagascar, j'y suis monté plusieurs fois
Pousse-pousse de Madagascar, j'y suis monté plusieurs fois 

 La course mouvementée
Le pousse-pousse de compétition

A Madagascar, dans les années soixante, il y avait un moyen de locomotion pratique, pas cher et malgré tout assez rapide: le pousse-pousse.

Une remorque ou pouvait prendre place deux personnes. Quelquefois elle était surmontée d'une capote, certaines étaient attelées à une bicyclette, mais la plupart étaient tirées par un homme, par la force des bras.

Souvent, du port pour aller en ville, j'en prenais un, et il n'était pas rare qu'au retour, je revienne accompagné galamment.

Au début, j'avais un peu honte d'emprunter ce genre de locomotion, mais les ramâtes (jeunes femmes malgaches) nous assuraient que ce n'était pas du tout frustrant pour le pousseur, qu'il avait choisi ce métier, et qu'il avait l'habitude.

D'ailleurs, tous faisaient partie d'une compagnie qui leur laissait le pousse-pousse en gage et seule l'assurance de plusieurs courses par jour leur permettait de gagner assez bien leur vie.

Une fois, quand même, au retour, prenant pitié de mon chauffeur, je descendais de l'engin, pour soulager la charge, mais n'osant pas avouer que cela le vexait, il regardait autour de lui pour voir si des collègues ne le regardaient pas. Ma compagne m'expliqua alors que le fait de descendre pour qu'il ait moins de charge à tirer était pour eux une insulte car, aux yeux de ses collègues, cela voulait dire qu'il n'était plus bon à rien.

Mais, venons en si vous le voulez bien au titre de cette histoire. Maintenant que vous en savez autant que moi sur ce moyen de locomotion.

Un soir de sortie en ville, je rentrais à bord. Un collègue du bateau m'accompagnait. Prenant donc pour rentrer ce moyen de transport, il nous vint l'idée de faire plaisir à notre chauffeur et, le mettant presque de force dans la charrette, c'est le copain et moi qui prirent les commandes, et à toute vitesse dans les rues de Tamatave, nous sommes rentrés au port. Le pauvre homme croyant sa fin arrivée se cramponnait aux ridelles et n'osait pas nous avouer qu'il avait eu ce jour-là la plus belle peur de sa vie.

Nous, bons princes, à la fin de la promenade mouvementée, libérant notre otage vert de peur, nous lui offrirent un prix de course plusieurs fois supérieur à ce qu'il aurait demandé, pour nous faire pardonner.

 

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