mauricelemarin
Ma vie de marin de commerce (Nourriture en libre service)
La gentillesse, le savoir-vivre des Malgaches. (Qui n’est plus à démontrer)
Leur renommée de sympathie n'est plus à prouver, ce récit va encore vous le démontrer.
Au cours de mes voyages effectués à Madagascar, que ce soit Tamatave, Diégo-Suarez, Nossi-bé, Tuléar, Majunga, ou Fort-Dauphin, dès que vous sortiez quelque peu de la ville portuaire, dans tous les villages alentour, devant les cases, les villageois disposaient des tréteaux sur lesquels était fixée une planche et, suivant la spécialité culinaire de la maîtresse de maison, les plats de viande, de légumes ou de poissons étaient posés délicatement à l'intention des passants, touristes, ou toute autre personne se promenant dans le secteur.
A coté, bien en évidence, une sébile attendait les offrandes que chaque personne n'oubliait pas de déposer dès qu'elle avait goutté un des plats présentés.
Aucun prix marqué, aucune indication sur la description ou la composition des victuailles. Une confiance totale de part et d'autre rendait ce service possible, car chacun y trouvait son compte. Le touriste qui n'avait pas besoin de s'offrir le restaurant, rare d'ailleurs, consommait des plats raffinés pour une somme modique (chacun laissait ce qu'il voulait), et la villageoise qui, le soir, ramassait les denrées restantes, empochait la recette de la journée.
Je ne compte plus les jours où je me suis régalé grâce à ce procédé, car j'étais toujours accompagné d'une jeune fille du pays, qui choisissait pour moi les mets les plus raffinés.
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Ma vie de marin de commerce (La petite sœur, le fusil cassé)
La petite sœur / Le fusil cassé
Deux courtes histoires, sur les ramâtes à Madagascar
- La visite guidée
Toujours dans mes souvenirs sur Madagascar, cet épisode à ne pas vous cacher: la petite sœur.
Nous sommes à quai pour plusieurs jours, chacun possède sa compagne. Il n'y a pas trois jours que nous sommes arrivés, qu'un beau matin, remonte à bord une charmante ramate, accompagnée d'une toute jeune fille.
La grande va directement à la cabine de son "mari" du moment, la petite suit. Elle veut imposer sa jeune invitée, et pour répondre aux demandes légitimes de l'occupant des lieux, elle répond simplement:
-"C'est ma petite sœur, elle n'a que quatorze ans, mais elle ne bougera pas, elle vient pour apprendre, elle nous regardera".
Esprit de famille exagéré ? On apprend le c.. d'abord avec les yeux ?
A vous de choisir la chute qui convient le mieux à ce récit.
-Le fusil cassé
A Tamatave pour plusieurs jours, nous revenions de
Dormir ensemble en copains avait quelque chose d'inhumain, mais que voulez-vous, il fallait attendre sagement la guérison.
Justement la fille, peu habituée à dormir avec un homme sans se faire toucher, voulait que cela se sache, si bien, que dès qu'elle rencontrait une amie, ou seulement une connaissance en ville, elle n'oubliait pas en me présentant de dire :
-"C'est mon frère, il a le fusil cassé".
L'autre comprenait et n'insistait pas.
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Ma vie de marin de commerce (Joli spectacle)
Joli spectacle
Madagascar, la visite d'un armateur
Entre compagnies, il est de bon ton que les dirigeants s'invitent, ou se fassent de petites visites de courtoisies, programmées ou non.
A Tamatave, port tranquille de Madagascar, un jour que le M/S Ventoux faisait escale pour une dizaine de jours, l'armateur d'une autre compagnie, en visite dans l'île, demande à notre Commandant s'il peut visiter notre navire.
Demande accueillie avec enthousiasme et, à l'heure dite, voici notre armateur invité franchissant la coupée de notre cargo.
Dans le même temps, un matelot expliquait à sa ramate comment se servir de la clef de sa cabine, car si elle sortait sans la dite clef, et si la porte se refermait derrière elle, elle serait incapable de rentrer.
Explication réelle à l'appui, il la pria de sortir sans clef, lui resterait à l'intérieur, claquerait la porte, pour bien faire comprendre à la jeune fille ce qu'elle ne devait jamais faire.
Pour la petite histoire, la jeune femme était complètement à poil.
Il n'y avait pas deux secondes que, nue sur le palier, porte fermée, elle se met à tambouriner de toutes ses forces en criant :
-"Ouvre, ouvre vite il y a des messieurs dans la coursive".
Tu parles, en fait de messieurs, ce n'était pas plus que l'armateur invité, le Commandant et son état-major au grand complet offrant une visite guidée à leur hôte, qui, pas du tout gêné par la scène, a simplement eu cette réplique:
-"Joli spectacle Commandant, je vois que vos hommes ne s'ennuient pas".
Jaloux, va !
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Ma vie de marin de commerce (Les téléphoneuses)
Les téléphoneuses
Cockpit-Hôtel, Singapour
Lors de notre séjour prolongé à l'hôtel de Singapour, le Cockpit-Hôtel, il s'y passait la nuit, des choses que je n'ai pas eu le temps de vous raconter dans la première partie du blog (voici l'oubli réparé).
Dans ce complexe hôtelier de quinze-cents chambres, un standard privé assurait la liaison de chambre à chambre, et aussi pour les communications extérieur. Ce standard fonctionnait vingt-quatre heures sur vingt-quatre grâce à une ribambelle d'employées toutes aussi gentilles les unes que les autres.
Minuit passé, les demoiselles de garde autorisaient leurs amies prostituées à appeler directement dans les chambres d'éventuels clients, pour un bon moment passé ensemble.
Dans cet hôtel immense, la plupart des clients étaient des touristes de passage, des marins en attente de bateaux ou d'un avion, comme notre groupe.
Avant minuit, des rondes de chefs, de responsables de sécurité avaient lieu fréquemment, interdisant de faire quoi que ce soit d'illégal, mais minuit passé, plus rien.
C'est à ce moment que nos belles de nuit passaient voir leurs copines et, regardant ensemble sur les registres de l'hôtel, risquaient de timides coups de fils dans les chambres.
Les demoiselles du standard savaient la provenance de la clientèle; pour notre groupe par exemple, nous étions placés par l'agence de la compagnie maritime qui nous représentait à Singapour, et le nom de cet agent était bien connu. Sur la liste, en face de chaque nom de marin figurait l'agent. Il suffisait alors aux "filles" de faire un à un ces numéros de chambre, et d'être assurées avoir des réponses positives pour un moment de la nuit passé à deux.
Toutes bonnes copines que ces filles étaient, cela finissait par un pourcentage que l'une donnait à l'autre, en remerciement des bons services rendus.
Pour ma part, je fus réveillé de la sorte en pleine nuit par une "hôtesse", qui, dans un français impeccable, me proposa de passer me voir, pour discuter gentiment de choses et d'autres. Mis au courant de ce genre de discussions par les anciens, je permis à la jeune femme de monter.
Dans les cinq minutes qui suivirent, un coup discret à la porte m'annonça la venue de ma visiteuse.
Jeune fille tout à fait charmante, belle, jolie, cultivée, à se demander pourquoi elle en était arrivée là.
Une des premières choses qu'elle me demanda, ce fut si j'avais de l'argent, ou une carte de crédit.
Ne possédant plus d'argent du pays, je lui tendis ma carte bleue, et immédiatement, elle se servit du téléphone pour appeler un service afin de savoir si, aux données des numéros de ma carte, on pouvait lui débloquer de l'argent.
Hélas, mille fois hélas, je n'avais pas de carte internationale, et elle ne put avoir aucune réponse favorable. Plus désolée que moi, elle me rendit ma carte avec un charmant sourire, tout en me disant sa déception pour nous deux, mais qu'il fallait malheureusement que l'on se quitte.
J'eus droit seulement à une caresse et un baiser gratuit qui, me mettant en appétit me fit plus de mal que de bien, car si de mon coté j'appelais une autre fille pour finir la nuit, je ne pouvais pas plus la payer que celle-ci, alors que faire?
La veuve poignet, heureusement qu'elle existe !
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Ma vie de marin de commerce (L'amende)
L'amende
Le verre en pleine tronche
Je ne fus pas toujours un saint sur les bateaux, je goûtais même une fois au tribunal maritime, mais rassurez-vous, amis lecteurs, juste pour une histoire de beuverie.
Un soir, dans une cabine, à l'occasion d'un anniversaire de l'un d'entre nous, on buvait, on chantait, on re-buvait. Certains ont le vin mauvais, et dans ces moments-là osent dire ce qu'ils n'oseraient jamais dire à jeun.
Justement ce fameux soir un graisseur, quelque peu éméché par plusieurs verres d'alcool, s'en prend à moi, pour je ne sais plus quelles raisons, et me met une gifle, deux gifles.
Surpris déjà par la première, je ne dus pas réagir assez rapidement, car sinon j'aurais évité la deuxième. Mon agresseur, voyant que je ne bougeais pas, crut avoir en face de lui une mauviette, et voulut de nouveau me corriger. S'en était trop, je lui balançai mon verre en pleine tronche.
Un gros verre "duralex" qui vole en mille morceaux à son contact, en lui éclatant l'arcade sourcilière. Du sang gicle partout, et cette vue calme tout le monde.
Nous l'emmenons se faire soigner et, très vite, le commandant alerté me demande des comptes, en m'expliquant qu'il est obligé de porter plainte contre moi, car j'ai failli tuer un collègue.
Jusqu'à l'arrivée du prochain port où je devais passer au tribunal maritime, tous les participants de la fameuse soirée furent interrogés, et leurs réponses mises au dossier. Personne ne me chargea, tous reconnurent que c'est l'autre qui avait commencé, et que, excédé par son attitude, j'avais vu rouge, et le verre partit presque tout seul.
Le "presque tout seul" ne fut pas satisfaisant pour le tribunal, qui m'infligea une amende de 30 francs (~ 4,5 euros), et une inscription à mon dossier maritime. Cela n'affecta en rien ma carrière maritime, et par la suite, j'évitais de "beuvracher" (boire jusqu'à l'ivresse) avec n'importe qui.
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