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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

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Ma vie de marin de commerce (L'aventure commençait....)

Le Magdala chargé,  au retour du Golfe

Le Magdala chargé,  au retour du Golfe
Le Magdala chargé, au retour du Golfe 

L'aventure commençait, elle dura huit années.

On n'embarque pas Maître-électricien sur les cargos, surtout au long-court, dès le premier voyage, il faut faire ses preuves dans les connaissances de sa profession, et dans l'acceptation de la vie de marin; car on ne fait pas une carrière dans la marine, si premièrement on a toujours le mal de mer, et deuxièmement, si on risque de ne pas s'entendre avec les collègues.

Partant pour six mois à trente personnes, si deux ou trois ne s'entendent pas, je ne vous raconte pas l'ambiance générale qui pourrait régner à bord.

Le mal de mer, je ne savais pas si je l'aurais, l'avenir m'a prouvé que je ne n'en ai jamais souffert, quant à la camaraderie entre collègues, je partais confiant, car Jean-Pierre m'avait expliqué tant de choses à faire ou ne pas faire, pour supporter ou être supporté par les autres.

A moins de passer par les écoles maritimes de la marine marchande où effectivement, un futur électricien apprendra son métier suivant les dernières techniques de l'époque, cela n'était pas mon cas, avec mon C.A.P. de monteur-électricien en bâtiment, les bases de la profession étaient acquises, mais la pratique sur un cargo est tout à fait différente.

Un synoptique de commande d'un navire n'a pas d'équivalence à terre, une séquence automatique de ramonage des chaudières ne ressemble à rien de ce qui existe dans la plus moderne usine de zone industrielle; il fallait donc apprendre toutes ces nouveautés.

C'est pourquoi ce premier voyage, je le ferai comme aide-électricien.

Dans les statuts de la Marine Marchande, l'aide-électricien a le même coefficient que le nettoyeur machine. Comme j'allais acquérir de nouvelles connaissances, il fallait qu'en contrepartie, je fournisse un travail productif à la compagnie, je serai donc nettoyeur/aide-électricien.

Le matin, j'étais aux ordres de l'officier machine pour nettoyer comme ma fonction l'indique, ce qu'il y avait à nettoyer dans une machine, et l'après-midi, sous la responsabilité de l'électricien en titre et parfaire mes connaissances dans la profession, afin d'être à mon tour le plus tôt possible capable d'embarquer comme seul électricien à bord.

Trouver le bateau ne fut pas une mince affaire, car je ne savais même pas différencier l'avant de l'arrière, et tous ces cargos pour moi se ressemblaient. Je trouvais le mien quand même, et je me retrouvais donc, ce vendredi 14 juin 1968 après-midi à bord du cargo "île de la Réunion" pour un voyage qui devait durer plus de quatre mois, et qui me fit pratiquement faire un demi-tour du monde. Du Havre, nous devions remonter dans le nord jusqu'en Norvège, la Finlande, le Danemark, pour redescendre ensuite sur Madagascar.

Déjà une anecdote pour mes premiers pas à bord, on me désigne ma cabine, je commence par débarrasser ma valise, je sors une veste que j'accroche au plafond à une espèce de crochet qui était le bienvenu. Quelques instants après, une sirène retentit dans les coursives, j'entends courir, ma porte de cabine s'ouvre, on me demande si je n'ai rien remarqué dans le secteur, devant ma réponse négative, on me laisse là.

Dans la soirée, en me familiarisant avec ce premier navire, je découvris que l'alerte incendie avait été déclenchée par le vêtement que j'avais accroché au plafond, à ce crochet mystérieux qui n'était autre que le système de détection d'incendie.

N'ayant rien trouvé d'anormal sur le navire, les recherches avaient été abandonnées; de mon côté, je me gardais bien de leur signaler que l'incident était de ma faute.

Mes affaires rangées, je me présentais au chef mécanicien qui me mit en rapport avec le Second, qui à son tour, me présenta à l'électricien.

Nous étions en fin d'après-midi, il était trop tard pour faire une visite à la machine, demain il ferait jour.

Pour le premier repas du soir, ne pas oublier la réponse faite à ce matelot qui me demandait de quel coin de Bretagne j'étais, ma réponse le surprit:

-"Je ne suis pas ici pour me faire insulter".

Réplique qui me surprit aussi, car je n'avais encore aucune animosité envers mes futurs collègues de travail mais le ton était donné et l'avenir, les autres voyages et les années passées avec tous ces gens me donnèrent raison. Seuls quelques bons camarades me restèrent fidèles jusqu'à la fin de ma carrière, environ un sur cent.

Chaque navire compte une moyenne de trente personnes du mousse au Commandant; J'ai fait dix-sept embarquements, côtoyé un peu plus de cinq cents individus, dont cinq seulement peuvent se vanter d'avoir été et d'être restés mes amis. A signaler que plus le bateau est gros, moins il faut de monde pour le diriger. Ceci est vrai sur les pétroliers.

                  Sur les "petits" de trente-deux mille tonnes, on dénombrait près de quarante hommes embarqués, rien n'était automatique, à chaque escale de remplissage ou de vidage du navire, toutes les vannes se manœuvraient à la main, tous les contrôles de sécurité étaient visuels et exécutés par l'être humain, tandis que sur le dernier, un "gros" de deux cent soixante-quinze mille tonnes de chargement, seuls vingt-huit personnes assuraient le fonctionnement de l'ensemble qui était entièrement automatisé.

Mais pour l'instant, restons sur les cargos et à ce premier voyage qui nous emmenait du Havre en Hollande, pour charger entre autres dix mille caisses de bières Heineken à destination de Madagascar.

Ce premier voyage fut le plus marquant de ma carrière car, comme je l'ai annoncé plus haut, il devait être déterminant pour la suite de ma vie de marin de commerce. Quitter foyer, amis, vie paisible, habitudes terrestres, pour se retrouver du jour au lendemain plongé dans ce monde nouveau pour moi n'était pas chose facile.

Seule la fuite de cette première épouse me donna la force d'entreprendre et surtout de continuer ce qui avait bien commencé jusqu'alors. Justement à propos de cette première épouse, quand ses collègues, ses amis ou même sa famille lui disaient :

-"Alors ton mari, il travaille sur les bateaux?", elle répondait bêtement:

-"II ne travaille pas, il navigue".

A partir de cet instant du récit débutent les souvenirs proprement dits de ma navigation. Ce livre n'expliquera pas la vie à bord en général, ce n'est pas le but recherché de l'ouvrage*.

En effet, personne ne sera intéressé si je raconte à longueur de pages :

-"Ce matin, levé à sept heures, petit déjeuner, puis descente à la machine jusqu'à midi pour tel ou tel travail, puis déjeuner, puis description du menu, et on recommence pour l'après-midi.

Par contre, si je vous explique dans les moindres détails mon aventure personnelle pour le passage de la ligne, ma première cigarette de marijuana, mes nuits d'orgies à l'autre bout du monde, d'accord, je suis sûr que vous en redemanderez, alors allons-y".

 

*En chinant pour trouver des bouquins relatant la vie de marins, je devais découvrir l'excellent ouvrage de Jean Randier, Marins du pétrole, collection "diagonales", édition Hachette de 1961, qui a l'inverse de mon livre, ne parle pratiquement que de la vie a bord. Je fus surpris et déçu à la fois en lisant ce livre, car ce qu'il raconte était ma première idée; mais honneur aux anciens, car en 1961, j'étais loin de penser qu’un jour moi aussi je serais marin du pétrole.

 

Ma vie de marin de commerce (Le passage de la ligne)

Diplome du passage de la ligne, document original.
Diplome du passage de la ligne, document original. 

Le passage de la ligne

M/S Ile de la Réunion, premier voyage

Avant les années soixante-dix, les cargos avaient encore le droit de transporter des passagers, on les appelait alors des cargos mixtes (fret plus passagers). Au Havre, pour mon premier voyage sur "l'Ile de la Réunion", une dizaine de passagers à destination de Madagascar avaient embarqués.

Il fallait amuser ce petit monde, car trente jours de mer pour des civils devenaient lassants et la moindre distraction à bord était la bienvenue. Donc, l'occasion du passage de la ligne était prétexte à réjouissances. Faisant partie des futurs initiés, je n'étais pas fier, car Jean-Pierre m'avait expliqué que la cérémonie était organisée par les anciens qui avaient libre choix sur le déroulement des opérations, et comme pour ce voyage, il y avait des passagers à distraire, je m'attendais au pire.

Deux jours après avoir passé Dakar, voici la fameuse ligne imaginaire séparant les deux hémisphères du globe terrestre.

Le matin même, en sortant de ma cabine, dès les premiers pas sur le pont, un seau d'eau me tombe sur la tête, ce n'était que l'annonce des futurs amusements de la journée. Pour continuer, dans la matinée, le facteur (marin déguisé en préposé), mais pratiquement à poil, (seulement un tablier et une sacoche sur l'épaule lui servaient d'habits) me demande de prendre ma convocation pour les agapes de l'après-midi. Convocation placée, plutôt pliée dans son derrière et oui, dans son cul pour être plus explicite, et en plus je devais la prendre avec les dents.

Mais le pire était encore à venir. L'après-midi, tout le monde sur le pont, les passagers sur des gradins placés pour l'occasion afin de ne rien perdre du spectacle, et les néophytes dont je faisais partie étaient encadrés par des gendarmes, la fête pouvait commencer. Le Commandant, placé parmi les invités commentait les différentes étapes de la cérémonie.

Sur une estrade, attendent déjà Neptune, dieu des mers et son épouse Amphitrite, le curé et les enfants de chœur, le corsaire, tous les personnages nécessaires à la cérémonie, sans oublier le coiffeur. Dans la piscine de toile montée en hâte, les aides attendaient les nouveaux pour les baptiser. Après les paroles d'usage, lues dans un vieux bouquin, les nouveaux, barbouillés de suie, de graisse et rasés (symboliquement) sont plongés dans l'eau pour être purifiés.

Quand le dernier est sorti de l'eau, alors commencent les jeux, qui sont basés sur la mer bien entendu; ce ne sont que poursuites avec les manches à incendies, seaux pleins de mélanges inavouables que chacun se lance à la figure, les passagers se sauvent de partout en hurlant, car ils ne sont pas épargnés.

            Voulant du spectacle, nous leurs donnons du spectacle, même s'ils font partie des victimes. Mais personne ne songe à se plaindre.

Seule la cloche de la cuisine annonçant le début d'un bon dîner pour clôturer le tout mettra fin aux festivités.

Chaque "nouveau" ayant reçu son certificat de baptême sera fier de le montrer au prochain passage, pour faire à son tour partie des anciens.

 

 

Ma vie de marin de commerce (Le transport de rhum)

Camion-citerne livrant un pinardier.(Transport de liquide en  vrac) Echange pétrole contre fût de rhum.

Camion-citerne livrant un pinardier.(Transport de liquide en  vrac)
Camion-citerne livrant un pinardier.(Transport de liquide en vrac) 

Le transport de rhum

M/S Ville de Rouen, chargement pinardier à la Réunion

De temps en temps, pour le plaisir de tous, nous avions un chargement de rhum à effectuer.

La méthode du bosco (Maître d'équipage) était des plus astucieuse. Les camions-citernes qui venaient près du bord décharger leur précieuse cargaison étaient pris en charge par le cargo. Les tuyaux de remplissage appartenaient au bord, le travail était effectué par les gens du bateau. Nous avions donc mains libres pour agir à notre guise.

Une fois le chargement terminé, c'est-à-dire lorsque le matelot à terre voyait que les citernes du camion allaient être presque vides, faisait signe au bosco qui donnait l’ordre de stopper les vannes d'arrivée sur les containers du bateau. De ce fait, les tuyaux contenant encore du rhum qui ne se déversait plus dans les soutes, montait en pression dans les boyaux, car les pompes tournaient encore. Averti par le changement de régime des dites pompes, on les stoppait de peur qu'elles n'explosent, ensuite on fermait les vannes sur le camion et on se retrouvait avec des tuyaux pleins de rhum.

Il suffisait ensuite de les remonter du quai avec toutes les précautions nécessaires pour ne pas perdre trop de liquide, et à l'aide de seaux, chaque membre de l'équipage recevait sa ration d'alcool.

Je me suis retrouvé ainsi une fois "propriétaire" de quinze litres de ce breuvage des plus purs que je me suis empressé de transformer en punch et boissons diverses.

 

 

Ma vie de marin de commerce (Madagascar)

Couple de jeunes Malgaches avec enfant
Couple de jeunes Malgaches avec enfant 

Madagascar

Les ramâtes

Les jeunes filles de Madagascar sont appelées ramâtes, en souvenir des premiers colons (français ou autres) qui civilisèrent l'île. Les employées de maison de ces colonisateurs lointains ayant des prénoms compliqués et surtout à rallonges, leurs maîtres n'avaient pas trouvé mieux pour appeler leur personnel féminin que de prononcer le nom désignant une jeune fille en général, et encore raccourci, car le vrai nom est ramatoa, diminutif ramate. Encore maintenant sur l'île, toute personne du sexe féminin pour nous autres marins est une ramate.

Jeunes filles gentilles, peu farouches et surtout très honnêtes. Plusieurs sujets me viennent à l'esprit pour raconter leur sens de l'honnêteté.

Une me racontait qu'un soir, elle revenait chez elle avec un marin ivre, il désirait passer la nuit avec elle. Mais il était tellement bourré qu'il ne put consommer sa nuit d'amour, payée d'avance. La ramate, ayant laissé la somme d'argent sur sa table de nuit, n'y a pas touché tant que le marin, pourtant dégrisé au petit matin, n'avait pas quitté la case. Alors seulement elle s'est emparée de l'argent qu'elle considérait seulement à cet instant bien à elle: -"Car tu vois me disait-elle, comme il ne m'avait rien fait, il repartait avec son argent, je ne pouvais rien dire". Elle se faisait payer une nuit d'amour, pas une nuit d'hôtel.

Une autre tout aussi honnête. Son homme ce coup-ci restait plusieurs jours avec elle, mais au moment de la quitter, le marin demande un acompte à bord qui lui est refusé par le lieutenant responsable des soldes. Le matelot avait, pour plaire à sa belle, dépensé tout l'argent qu'il lui était possible d'avoir à cette escale. Impossible d'avoir un sous de plus avant le retour en France.

Il explique cela à sa ramate, mais il veut à tout prix lui donner quelque chose (aucun marin digne de ce nom n'a volé une fille). Il est prêt à vendre son alliance au poids de l'or pour payer sa dette. Jamais elle n'accepta ce marché, préférant ne pas être payée que de le voir sacrifier un bien si précieux à ses yeux. Comme l'autre voulait vraiment la payer, un collègue de bord trancha la question en prêtant quelques billets qui lui seront remboursés plus tard, et tout rentra dans l'ordre.

Pour finir ce chapitre sur les ramâtes, une troisième avait désiré se faire payer dès le début de l'union (non par crainte de ne jamais voir ses sous, mais pour payer à temps son loyer et des factures diverses). Ils restèrent ensemble assez longtemps pour que la demoiselle soit indisposée. Pour honorer son contrat jusqu'au bout, elle était sur le point de "prêter" une copine, pour que l'argent déjà versé ne lui soit pas réclamé. Ce marin eut la gentillesse de ne pas accepter, et garda sa chérie.

 

Ma vie de marin de commerce (Le végétarien)

Plat pour végétarien
Plat pour végétarien 

Le végétarien

Tamatave, M/S Tigre

Une escale parmi tant d'autres, sans histoire, avec son lot de belles filles venues à bord pour le plaisir du marin.

Nous avions avec nous un matelot qui avait décidé de ne manger que ce que la nature apporte, rien d'animal, même pas des œufs, car disait-il, cela aurait fait des petits poussins, alors pas question.

Il se disait végétarien, mais avec le travail qu'il devait fournir à bord, rien manger ou presque ne le rendait pas costaud, il était plutôt chétif, pâle comme un mort, et disons-le clairement, cela lui donnait un genre efféminé. Pourtant, une ramate le trouva bien à son goût, et sans trop de peine, réussit à se l'emballer.

Lui, pensant uniquement à de la camaraderie (sa maman ne lui ayant apparemment rien appris sur la question) se laissa emmener par la demoiselle pour une petite virée à terre.

Que se passa-t-il entre eux pendant la nuit, personne ne le dira, par contre, au petit matin elle le ramena en déclarant à qui voulait bien l'entendre:

-"Je vous le ramène, il ne marche pas".

Phrase que chacun remit en bonne place, et qui signifiait :

-"Je vous le rends, il n'a rien pu me faire cette nuit, j'en voudrais un qui puisse me contenter, merci".

Moralité, mangez normalement, vous pourrez b... normalement.

 

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