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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140 histoires vécues.

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Ma vie de marin de commerce (L'habit fait le moine)

L'habit fait le moine
   S/T
Magdala, Singapour

Le pont d'un pétrolier, comme tout autre bateau d'ailleurs, est toujours en travaux de peinture, car, sans cela, la rouille aurait tôt fait de le vieillir prématurément, et de plus, son aspect esthétique laisserait à désirer.

C'est justement à cause de cette dernière remarque qui nous avons failli avoir des ennuis de livraison de nourriture.

Pour une traversée France/Singapour, qui dure environ trente jours, il nous fallait emplir nos soutes de vivres pour le retour. C'est le maître d'hôtel qui était chargé des achats. Nous avions mouillé au large. Le responsable des vivres part donc à terre avec une vedette de la compagnie un bon de commande en poche, pour acheter et se faire livrer dans la même journée la longue liste de denrées variées nécessaires pour notre ravitaillement de retour.

Aucun problème à terre pour commander, le grossiste promit de livrer toute la commande pourtant importante le soir même.

En effet, en fin d'après-midi, une vedette s'approche du bord... fait le tour du bateau et, à notre grande surprise fait demi-tour, et reprend la direction de la côte.

Par radio, l'officier de garde du Magdala prend contact avec la vedette de livraison, et lui demande la raison de ce repli.

La réponse nous étonna ô combien.

Depuis notre départ de France, le pont, toutes les parties métalliques du navire n'avaient pas étés repeintes, (il nous fallut endurer un temps exécrable pendant presque toute la traversée, de ce fait, les matelots avaient passé leur temps à gratter et peindre les intérieurs).

L'effet visuel avait joué contre nous, le livreur, qui devait se faire payer une fois la livraison effectuée, ne pouvait pas croire que le Commandant d'un bateau aussi sale avait les moyens de régler la note assez élevée, et préféra rebrousser chemin.

L'officier contacta d'urgence l'agent de la compagnie qui dut se porter garant pour que la livraison s'effectue malgré tout.

Moralité de ce récit, l'habit fait le moine !

 

Ma vie de marin de commerce (L'abus de pouvoir)

L'abus de pouvoir
Le Commandant raciste

Le seul maître à bord après Dieu se doit d'être juste, bon, et surtout intègre. Ce ne fut pas le cas pour celui qui est décrit dans ce récit.

Le nom du navire ne sera pas cité, car ce Commandant doit toujours être de ce monde.

Généralement, le Commandant de par son grade suprême, a un valet de chambre, un serveur attitré. C'est pratiquement le même homme qui rend tous ces services, on l'appel d'ailleurs "le garçon du Commandant7'.

Dans ce récit, le «garçon du Commandant» est une personne de couleur.

Ce Commandant donc, un jour, en pleine mer, demande par l'intermédiaire du chef mécanicien un ouvrier graisseur pour un petit travail de plomberie dans les W.C. de sa suite.

L'homme désigné se rend dans les appartements du pacha, où le maître des lieux lui explique en deux mots ce qu'il attend de lui avant de disparaître à la passerelle, donner des ordres de route.

Une heure se passe, le Commandant redescend chez lui, et s'étonne de ne pas voir le travail commandé effectué.

Prévenant le chef mécanicien de ce manquement à ses ordres, il fait convoquer l'ouvrier pour lui demander le motif du travail non fait.

L'homme ne se dégonfla pas.

-"Commandant, avec tout le respect que je vous dois, il m'étais difficile de faire le travail, la chasse d'eau n'avait pas été tirée".

Le pacha s'excusa auprès du graisseur, le pria de sortir, mais il put entendre le savon qu'il passa à son "garçon".

-"Alors couillon, tu ne peux pas faire attention à ce que tu fais, pourquoi n'as-tu pas tiré la chasse d'eau tout à l'heure après mon passage dans les chiottes ? "

Sans commentaires.

 

Ma vie de marin de commerce (La bagarre)

La bagarre
Le coup de main

Les rixes et les bagarres étaient rares et peu fréquentes sur les bateaux. Pourtant, un jour que je faisais mes rondes d'éclairage sur le pont, le Commandant m'arrête et me prie de le suivre à l'avant car, me dit-il, du haut de la passerelle, j'ai aperçu deux matelots qui se battaient comme des chiffonniers, il faut absolument les en empêcher.

Nous voilà courant tous les deux, le pacha en tête, à l'endroit où nos deux types se bagarraient.

Le Commandant, fort de son grade, ne craignant pas les coups, se lança au milieu des deux hommes, et tenta de les séparer. Rien n'y fit, ils s'en voulaient à mort, il fallait arrêter le massacre.

-«  Renard, il faut à tout prix les séparer, employons les grands moyens».

Un ordre donné par le seul maître à bord valait toutes les garanties, mes quatre-vingt-dix kilos et mon mètre quatre-vingt-douze aidant, je me jetais sur le plus virulent, et tandis que le pacha s'occupait du deuxième, en deux coups bien placés et une clé au bras, je maîtrisais mon batailleur. De son côté, le Commandant réussit aussi à venir à bout de son bagarreur.

S'apercevant enfin qui étaient leurs empêcheurs de s'étriper, nos deux loustics se calmèrent, mais ils durent répondre aux questions: Qui avait commencé, à cause de quoi, pour quel motifs ?, etc.

Personne ne voulut parler, le Commandant se fâcha et exigea des réponses.

Un des deux voulut bien enfin prendre la parole.

-"Ce serait trop long à vous expliquer Commandant, mais il fallait me laisser le mettre à l'eau, c'était pour rendre service à sa femme".

Querelle de rivaux?, règlements de comptes personnels?, le pacha n'obtint pas d'autre explication que celle-ci.

Que faire sinon les renvoyer dos à dos, en leur faisant promettre que jamais plus ils ne recommenceraient leur pugilat.

 


 

Ma vie de marin de commerce (L'appel du bout du monde))

L'appel du bout du monde
Allô, c'est toi?, ici c'est moi
(Fernand Raynaud)

Lorsque nous étions à l'étranger, il nous était possible de téléphoner à nos familles par l'intermédiaire de notre agence locale qui prenait tout à sa charge.

L'inconvénient majeur de ces démarches, c'est que nous devions passer par deux voir trois standards où il fallait chaque fois répéter le numéro que nous voulions obtenir en France, sans se tromper, sinon il nous fallait tout recommencer.

Du bord, on appelait l'agence, qui à son tour nous mettait en relation avec la poste locale, qui, si elle avait bien compris notre numéro, nous renvoyait encore ailleurs, pour des lignes internationales, qui à leur tour contactaient la France, qui enfin appelait le numéro tant attendu, et nous pouvions parler avec la personne désirée.

Toutes ces conversations se faisaient uniquement en anglais, il nous fallait écrire le numéro en phonétique, et ne pas se tromper en cours de route, car si une des standardistes, lassée par des hésitations répétées, nous raccrochait au nez, on devait tout recommencer depuis le début.

Tous ces détails pour bien faire comprendre la difficulté de la chose. Vous dire s'il fallait être sûr de son coup serait superflu.

Un beau jour donc au court d'une escale lointaine, nous étions au Japon, un matelot vient me voir, l'air embarrassé.

-« Dis Maurice, je suis bien embêté, ma femme ne m'a toujours pas écrit, je m'inquiète, cela fait plus de trente jours que je n'ai pas de nouvelles, j'ni envie de lui téléphoner, mais c'est bien trop compliqué pour moi, peux-tu me rendre service et faire le numéro pour moi? »

Et il me tend un papier avec les coordonnées de son épouse.

Rendre ce service ne me déplaisait pas le moins du monde, me voilà donc parti. Je transcris le numéro en chiffres anglais, et j'appelle l'agence de la compagnie.

-"Please, give me this téléphone number for France"* et j'annonce les chiffres.

Un silence, un temps mort, et une autre voix me demande ce que je désire. On recommence la même phrase, en se disant que jusque là tout va bien. Mais nous sommes toujours au Japon, après la poste locale, c'est le centre des lignes internationales, où il faut tout recommencer

Silence à nouveau, temps mort, et enfin une phrase en français vous fait chaud au cœur.

-" Ici la France, bonjour, quel numéro désirez-vous ?"

 Si près du but, on devient fébrile, il s'est passé presque cinq minutes depuis le premier appel à l'agence.

Je donne cette fois les chiffres en français, et attends patiemment.

Le collègue est près de moi, et ne perd pas une miette du déroulement des opérations.

La voix dans le combiné me fait sursauter.

-"J'ai votre correspondant, parlez".

-"Bonjour, (ici te nom dit navire) c'est bien Mme unetelle? "

J'entends un bruit bizarre à l'autre bout, et une voix affolée qui hurle :

-"Sauve toi, sauve toi, c'est lui". Puis, on me raccroche au nez.

En une demi-seconde, je compris la situation.

Pauvre homme, je n'allais quand même pas lui raconter ce que j'avais entendu. Déjà il était sur moi ;

-"Alors Maurice, tu l'as eu ?"

-"Pas de chance, cela a échoué, je n'entends plus rien, tu veux que je recommence ?"

-"Oh non Maurice, merci d'avoir essayé, on repart demain, j'espère avoir du courrier au prochain port, merci encore".

Pauvre malheureux.

* S'il vous  plait, donnez-moi ce numéro de téléphone pour la France.

 

Ma vie de marin de commerce (Police no good)

Police no good
L'apartheid à Cap-Town

Dans les années soixante, il était très difficile, voire impossible de revenir à bord avec une jeune fille de couleur, car la police veillait et les rondes autour des navires à quai étaient fréquentes.

Nous devions user de toutes les astuces possibles pour parvenir à nos fins, et neuf fois sur dix, on y arrivait.

Il n'était pas rare d'avoir à bord un garçon, un aide cuisinier, même un matelot de couleur, ce qui était très pratique, vous le verrez pour la suite du récit.

Dès qu'un navire accostait au Cap, une fois la manœuvre terminée, la personne de couleur assurait sa mission, à savoir: descendre à terre, faire du rabattage, c'est-à-dire chercher dans les quartiers appropriés, des jeunes femmes disposées pour monter à bord,... assurer le repos du guerrier.

Une fois le filon trouvé, il revenait à bord, avec une invitée, et repartait bien vite pour une deuxième... livraison.

Trois, quatre, quelques fois plus, ces "assistantes sociales"* une fois à bord ne craignaient plus rien, car le bateau étant territoire français, personne n'avait le droit de venir y mettre son nez.

Vous dire, lorsque nous avions deux, et même trois marins de couleur, quelle gente féminine ils pouvaient ramener en une soirée !

Les autorités portuaires étaient au courant de ce "trafic", la fille, une fois à bord avait le droit de faire ce qu'elle voulait, mais elle devait faire attention en quittant le bateau de ne pas se faire épingler pour un motif futile, car elle risquait gros.

Il arrivait parfois, que la police envoyait à bord des mouchards dont la mission consistait à repérer des filles, les identifier, pour une fois à terre, les embêter et se venger de ne pas les avoir coincées officiellement à bord.

Tout le monde était au courant de "ces méthodes", et chacun faisait bien attention à ce qu'il faisait, et surtout aux personnes qu'il croisait dans les coursives.

Une nuit donc, dans ma cabine, en compagnie d'une charmante jeune femme, on frappe à ma porte.

Pas une frappe d'habitué (entre collègues, nous avions un code), une frappe d'étranger, sévère, autoritaire, pressante.

Ma compagne, au courant de ce qui l'attendait éventuellement si elle était prise dans ce genre de situation, est morte de peur et se cache sous les draps en tremblant.

Me levant d'un bon, je me dirige vers l'entrée.

Je ne sais pas quelle tête j'avais en ouvrant la porte, mais en me voyant, la personne qui se trouve en face de moi recule et me lance.

-" Me no police, police no good".

Ma conquête d'un soir, reconnaissant la voix, me cria de ne rien faire, et m'explique que le visiteur n'était autre que son souteneur, venu prendre des nouvelles de sa protégée.

L'individu (un chef douanier, rien que cela), me raconte avoir eu la trouille de sa vie, car mon visage reflétait toute la haine que pouvait ressentir un homme pris sur le fait, qui risquait des représailles de la justice du pays.

Je n'osais lui avouer que, dans ma tête, me voyant pris, mon intention était de l'assommer, et une fois en mer, jeter le corps par dessus bord (qui a dît que les marins étaient des enfants de chœur ?).

Quant à la fille, elle risquait de finir ses jours dans les prisons de l'Etat.

Tout se termina donc bien encore cette fois-ci.

*Assistantes sociales, mot donné aux prostituées, car elles font du bien au marins.

 

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