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Une partie de ma vie de marin de commerce racontée en 140  histoires vécues.

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Ma vie de marin de commerce (Mon mari ne boit pas)

Mon mari ne boit pas

La photo souvenir

Sur le Magdala, de retour du Golfe pour le Havre, personne ne devait débarquer, car notre temps de navigation n'étant pas atteint, on repartait pour un tour. Par contre, l'escale devant durer plus de quarante-huit heures, les épouses étaient autorisées à bord pour voir leurs maris.

Un graisseur, fébrile à l'idée de revoir sa femme était bien ennuyé car, tout le temps ivre, il ne savait pas quoi faire pour que cela ne se voie pas.

Dès qu'il apprit que son épouse allait monter à bord, il était devenu sobre, plus une goutte de vin, plus d'alcool. Allait-il tenir le coup ?

Nous avions même un petit peu pitié de lui, pourvu que tout se passe bien.

Arrivées à quai, les épouses retrouvent leurs hommes, et c'est le premier repas ensemble. Notre ivrogne est à ma table avec sa dame. Elle est toute heureuse de le revoir, lui ne boit que de l'eau.

Il doit reprendre son quart, son épouse termine seule le repas avec nous. Sans trop la brusquer sur le penchant de son mari, la conversation vire sur la boisson, elle nous arrête tout de suite: -"Mon mari, il ne boit jamais".

Sans nous attendre à ce qu'elle débine son mari sur son vice certain, nous sommes un petit peu étonnés de sa réaction. Nous nous promettons de l'éclairer sur la chose. Dès notre départ pour le Golfe, l'occasion ne tarde pas à se manifester. Un soir, notre "non-buveur' est à nouveau ivre mort, c'est le moment. Aidé par des collègues, nous le mettons complètement à poil, nous poussons le vice jusqu'à lui enrouler autour du sexe un joli ruban rose, nous disposons dans ses bras et autour de lui toutes les bouteilles vides que nous trouvons, et à l'aide d'un Polaroid, nous le prenons en photo dans toutes les positions possibles et inimaginables, en se promettant d'envoyer les clichés dès la prochaine escale à sa charmante épouse, qui nous jurait dur comme bois:

-"Mon mari, il ne boit jamais".

 

Ma vie de marin de commerce (Droits sur novices)

Droits sur novices

M/S ISARA, Dunkerque-Le Golfe

Un récit que je n'oublierai jamais, car il faillit tourner au drame. Généralement, une traversée France/Le golfe sur un pétrolier dure une trentaine de jours, guère plus. Parti depuis plus de vingt jours de Dunkerque, nous étions au large de l'Afrique du Sud, il nous restait environ huit petits jours pour arriver à destination, au premier port du Golfe.

Je ne sais plus qui lança le premier la blague, mais avec la complicité du Commandant pour que ce soit plus crédible, nous avons fait croire aux deux novices (pont et machine), que sur les grandes traversées, après trente jours de mer sans escale, l'équipage avait droits sur novices.

Au début, les nonos prirent cela à la rigolade, et les jours s'écoulaient paisibles. La farce était presque oubliée, mais voilà, vingt-sept jours de traversée, vingt-huit, les novices n'étaient pas rassurés. Au vingt-neuvième jour, alors que nous étions près de notre port de chargement, plus de novices dans les coursives, ils restaient enfermés dans leur cabine.

Du coup, la peur s'empara des responsables de cette grosse blague et, accompagnés du charpentier, tout le monde courait à la cabine des jeunes. Le pacha appelé en renfort avait changé de couleur, il essaya de parler aux gamins qui ne voulaient rien entendre, ordre fut donné au charpentier d'ouvrir la porte, et on s'engouffra dans la cabine pour, de justesse, empêcher qu'ils ne se jettent à l'eau par le hublot déjà ouvert.

Ils nous expliquèrent que, croyant vraiment à cette bêtise, ils s'étaient juré de se sacrifier pour échapper au pire.

Après trente ans, je suis sûr que ce Commandant en tremble encore, rien qu'à l'idée de penser que les deux jeunes auraient mis leur projet à exécution.

En effet, comment aurait-il pu expliquer à l'armateur que deux novices s'étaient suicidés à la suite d'une grosse farce imaginée par des membres de l'équipage?

 

Ma vie de marin de commerce (Bizutage élèves officiers)

Bizutage élèves-officiers

Sur tous les bateaux

De tout temps, le bizutage a existé, et existera toujours. Sur tous les navires où j'ai eu la chance d'embarquer, les futurs officiers de la Marine Marchande ne manquaient pas à la règle et, suivant la hiérarchie du moment, les sévices étaient plus ou moins salés. De mémoire, quelques exemples observés :

-   Un élève faisait sa petite lessive dans le lavabo de sa salle de bain, et montait à
la passerelle suivre la navigation pendant que le linge trempait. Ses supérieurs n'ont
rien trouvé mieux que de mettre dans le lavabo un poulpe fraîchement péché. Le
bizut ne s'est pas vanté de la peur qu'il dut avoir en mettant ses mains dans l'eau.

-   Un autre s'est fait appeler après dîner à la passerelle, pour soi-disant des cours
du soir. En réalité, pendant que le Commandant lui expliquait comment reconnaître
les étoiles, une équipe s'affairait dans sa cabine à dérouler un rouleau entier de papier
kraft mis par brassées emplissant entièrement la chambrée. Une fois revenu chez lui/
notre élève passa presque toute la nuit à jeter par dessus bord le cadeau encombrant.

-   Un futur officier machine s'est vu confier la tâche suivante : il devait relever
chaque tuyau de la machine, les dénombrer sur une liste, et surtout indiquer leur
provenance, leur destination et de plus, dire s'ils transportaient de l'eau douce, salée,
distillée, de la vapeur, de l'air comprimé, et j'en oublie certainement. Le pauvre mit
une bonne partie de son embarquement pour satisfaire ses supérieurs. Pour lui
compliquer le travail, nous ajoutions des données fausses sur les conduits, comme
Haut, Bas, Fragile, Ne pas ouvrir. Un après-midi qu'il s'évertuait à bien remplir sa
mission, il faillit craquer. Depuis une bonne heure, il suivait un tuyau gros comme le
bras,  qui  diminuait de diamètre chaque fois qu'il entrait dans un appareillage
quelconque. Il se croyait sauvé et près de la fin, le tuyau n'était pas plus gros qu'un
doigt, quand il s'aperçut qu'il suivait depuis un petit moment... la rambarde d'un
escalier. On pique une petite colère, et on recommence.

-  Un dernier pour finir

Cet élève officier avait l'habitude de se baigner à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit si le temps le permettait, bien entendu. Un bébé requin de la taille d'un gros brochet fut péché, on le mit dans la piscine. Notre élève, son quart terminé à minuit, pique une petite tête dans l'eau et en ressort quelques secondes après en hurlant. Notre invité aquatique dérangé par cet intrus au beau milieu de la nuit, si petit soit-il, lui avait tout simplement arraché le petit orteil du pied droit. Le but de la farce était de lui faire une grosse frayeur, pas de le mutiler.

 Pour clore enfin, l'histoire de ces deux élèves officiers embarqués ensemble, ils se connaissaient pratiquement depuis l'enfance. L'un des deux reçoit sa nomination d'officier à bord, la première chose qu'il pense à faire, c'est de dire à son collègue malchanceux que maintenant il était son supérieur, il voudrait bien dorénavant être vouvoyé. Surprise de l'autre qui, une fois le coup encaissé, lui demande une dernière fois s'il peut le tutoyer. Devant la réponse positive, il lui lâche : -« Je t’emmerde »

 

Ma vie de marin de commerce (Golfe Persique)

Plage du Golfe, rendue si tristement célèbre pendanr la guerre, en 92

Plage du Golfe, rendue si tristement célèbre pendanr la guerre, en 92
Plage du Golfe, rendue si tristement célèbre pendanr la guerre, en 92 

Golfe Persique

Navette hôtel des sables / Port

Une petite anecdote au sujet des mini-bus faisant la navette aéroport/hôtel ou hôtel/aéroport. Les chauffeurs de ces véhicules n'avaient pas la passion de leur métier où la paresse l'emportait sur le devoir. Une fois, nous fûmes victimes d'une crevaison. Le conducteur ne voulut rien savoir pour changer la roue, prétextant que ce n'était pas son travail, et que de toute façon, un autre car de la compagnie allait passer bientôt, et que l'on verrait à ce moment-là.            

Fatigué par ce qu'il venait de nous dire, il s'allonge au pied d'un arbre pour attendre le collègue. Peu habitué à ce comportement, nous nous concertons tous. Et si le collègue ne voulait pas non plus changer la roue, si son bus était plein et que nous ne puissions pas être pris à bord? Après une très courte discussion entre nous, nous décidâmes de changer la roue, sans demander l'avis du chauffeur.

Le travail fut effectué en un quart de tour. Le conducteur fit la tête pour le restant

du parcours, peut-être que nous lui avions gâché sa petite sieste forcée, en tout cas, nous étions à bon port, grâce à nous-mêmes.

 

Ma vie de marin de commerce (Singapour)

Le Cockpit-Hotel à Singapour, en 1970 Le même, la nuit.

Le Cockpit-Hotel à Singapour, en 1970
Le Cockpit-Hotel à Singapour, en 1970 

Singapour

S/T Magdala

Deux fois j'eus la chance de connaître cette ville magnifique du bout du monde.

La première fois pour décharger une cargaison et mazouter avant notre retour en Europe, la deuxième fois pour y débarquer après mon temps légal de navigation.

De ces deux séjours, je garde un très bon souvenir, surtout la deuxième fois où, devant débarquer, l'ambassade nous demanda de rester deux jours de plus suite à un conflit politique. On nous conseilla qu'il serait plus sage d'attendre gentiment, ce que nous fîmes.

Mais suivons la logique, et commençons par la première escale.

  A peine la manœuvre d'amarrage terminée, le bord est envahi de toute sorte de gens. Vendeurs de n'importe quoi, lavandières qui nous prennent le linge sale que nous voulions bien leur confier, et qui nous est retourné seulement quelques heures après, d'une propreté extrême, parfumé à je ne sais quoi. Mais surtout la personne que nous guettions avant toute autre, c'était le tailleur. Personnage tant désiré, que pendant toute la traversée, on ne pensait qu'à lui.

Imaginez ! Ce type vous plaçait n'importe où, et en un tour de main, il vous prenait vos mensurations sans jamais se tromper. Il suffisait alors de lui signaler que vous vouliez une poche à tel endroit, une autre avec fermeture éclair à tel autre endroit, et le lendemain il revenait avec les commandes, ponctuel. On essayait l'achat, qui allait parfaitement, aucune réclamation n'était possible, le travail avait été exécuté avec une minutie extraordinaire.

Il vous faisait aussi bien un short en Jean, un costume trois pièces dans le plus beau tissu existant ou un ensemble de bain pour votre femme si vous aviez ses mesures exactes. En une nuit seulement le travail était fait, qu'importé le nombre de commandes, il livrait tout le lendemain même heure. Nous n'osions imaginer les nombreux petits doigts de fée qui devaient s'agiter pour satisfaire les commandes. Jamais personne ne s'est plaint d'une malfaçon ou d'autre chose. Chapeau !!

- Deuxième séjour maintenant.

Tout l'équipage débarquant (une vingtaine de personnes) fut installé dans un hôtel ultra chic, le Cockpit-Hôtel, complexe immense de quinze cents chambres, trois restaurants gastronomiques, un chinois, un anglais, et le troisième, français. Une galerie marchande aussi importante que les grandes surfaces de chez nous, une piscine olympique, et surtout une boîte de nuit ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre.  

J'allais oublier une salle de spectacle où pendant une bonne partie de la nuit se succédaient les plus beaux numéros de variétés, de cirque, de music-hall dignes de nos plus belles émissions de télé.

Des endroits où l’on voudrait rester plus longtemps. Une télé-couleur dans chaque chambre bien sûr, avec si je me souviens bien plus de cinquante chaînes (ce qui peut paraître normal de nos jours, avec le câble et les satellites, mais il ne faut pas oublier que nous sommes dans les années soixante-dix).

Des soubrettes (deux par deux, peut-être pour ne pas se perdre) passaient avec un chariot toutes les heures pour demander si nous n'avions besoin de rien. Le soir, on nous remettait un questionnaire pour savoir ce qui nous ferait plaisir au petit déjeuner, qui étaient servis à la mode anglaise. C'est ainsi que je goûtais pour la première fois les fameux œufs au bacon, et surtout la marmelade d'orange étalée sur du jambon. Moi qui tiens mieux à table qu'à cheval, j'étais aux anges.

Mais, c'est bien connu, toutes les bonnes choses ont une fin, et c'est avec regret qu'il fallut quitter cet endroit merveilleux.

 

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